Les autorités municipales de la capitale Tunis ont commencé, mardi 25 octobre 2022, à retirer les affiches de la startup tala9.com placardées au niveau de plusieurs artères principales.
Plusieurs internautes ont publié des photos sur la toile dénonçant la démarche et estimant que cela porte atteinte à l’image de l’entreprenariat en Tunisie.
La startup fait l’objet de poursuites judiciaires de la part de l’Ordre national des avocats tunisiens. Dimanche, dans un communiqué publié à l’occasion, l’Onat a estimé que la campagne publicitaire de tala9.com reposait sur des clichés et encourageait les citoyens à aborder une entité suspecte.
L’Onat a évoqué, également, des violations de la loi, aux droits et des données personnelles des citoyens tunisiens.
La startup se présente comme « un groupe d’experts psychologues, juristes, professeurs, coachs, designers, développeurs, spécialistes de la sécurité informatique et professionnels de tous bords ayant une grande expérience ». Son objectif est « d’informer les gens sur l’importance de bien choisir son partenaire de vie et de tirer des leçons des expériences partagées, afin d’avoir une vie conjugale équilibrée ». « Si vous décidez de divorcer, nous vous proposons un service avec une expertise fiable, sûre et économique. Nous vous soutiendrons et accompagnerons votre décision que vous soyez une femme ou un homme », indique-t-on sur le site.
Néanmoins, quand on sait que le taux de divorce avoisinait les 15% en Tunisie en 2021, on peut se demander pourquoi un tel « bashing » de cette start-up, qui finalement cherche à accompagner les couples dans des procédures judiciaires souvent complexes et aux répercussions lourdes de conséquences sur bien des aspects de la vie des individus
Il faut dire que la démarche publicitaire de cette nouvelle entreprise, qui sûrement, se voulait « punchy » pour marquer les esprits, apparait comme totalement hors-sol dans un pays à la tradition publicitaire plus française ( basée sur l’humour) que sur le « buzz » comme dans la tradition anglo-saxonne.
En effet, la publicité dénuée de morale dans un bon esprit libérale, sans aucune déontologie, dérange. Si cette pratique est importée par les créateurs de cette start-up réunissant une batterie d’experts instruits, elle semble oublier que ce genre de publicité est un aboutissement d’une politique socio-économique qui n’est pas la notre et devient dès lors, totalement parachutée et offensante.

Ainsi avec « Tala9.com » que l’on traduira par « divorce.com » semble comme un impératif, ce qui dans un pays majoritairement conservateur, et qui a intériorisé le précepte islamique de « toujours favoriser la réconciliation » choque nos esprits.
Un parallèle est d’ailleurs possible avec nos voisins français qui eux aussi, avaient été offusqués, en 2015, suite à la compagne publicitaire d’ une application nommée « Ashley Madison » promouvant les rencontres adultères un peu partout en Hexagone avec des slogans pour le moins…surprenants dirions-nous, tel que » la vie est courte, tentez l’aventure ».
Enfin, si certains citoyens ont dénoncé ces affiches sur les réseaux sociaux, c’est une corporation qui a porté le débat devant la justice. Il semble que les avocats n’apprécient pas réellement de perdre un filon comme le divorce, et tiennent à garder le monopole dessus.
Si l’initiative de cette start-up répond a un besoin sociétal, encore faut-elle qu’elle trouve le moyen de le communiquer sans trop de remous.