
Par Naoufel Ben Aissa
Il n’y a pas que les appels entre Joe Biden et Vladimir Poutine pour éviter la guerre qui sont infructueux. Les tentatives des musiciens créatifs de produire et de se produire en ce pays le sont aussi. Eh oui! S’ils ne sont pas les préférés du ministre de tutelle ou élus des lobbys influents, ils ont beau avoir tous les talents du monde, ils se retrouvent quand même marginalisés.
En fait, il n’y a pas de place ni du blé pour tout le monde donc la sélection s’impose. Seulement les critères de sélection ne sont pas ceux qu’on suppose. Copinage, régionalisme, capacité à courber l’échine, …etc et tout ce qui n’a rien de musical font les vrais critères de choix. Il suffit de jeter un œil sur les noms des personnes qui -à titre d’exemple- sont subventionnées ou qui meublent les commissions et comités et scènes de nos festivals pour constater aisément à quel point il y a des noms qui reviennent comme la Saint-Valentin, le réveillon ou Ramadan! On dirait que sans eux, le jour ne peut se lever! Ceci explique en partie la raison pour laquelle certains ne cessent d’engraisser et les autres de partir.
Ceci explique aussi pourquoi on dirait que depuis belle lurette la Tunisie est devenue stérile… On ne voit plus de jeunes artistes musiciens interprètes ni de productions émerger! Partout pratiquement on prend les mêmes et on recommence. Ceci explique surtout le ras le bol dominant tellement on a l’impression que le ministère de la Culture est le propre de groupuscules qui s’approprient tout. C’est curieux quand on voit le Chef de l’Etat répéter à longueur de journée qu’il est là pour combattre la corruption et le népotisme et défendre la justice et l’équité !
De même, personne ne se soucie du sort de ce que fut le prestigieux Orchestre de la Radio Nationale aujourd’hui agonisant ou de la Rachida qui n’apparaît qu’en veilleuse ou des sorties catastrophiques de ce qu’on appelle Orchestre Symphonique ou de la défunte Troupe Municipale de Tunis…. C’est pour dire à quel point en ce pays, pour ce qui est de la musique tout le monde fait semblant d’y croire, mais personne n’y croit.
Dénoncez, critiquez ou tentez même de voir la ministre pour en parler et chercher des réponses ou des explications, vous aurez affaire à une omerta, sans plus. Dans le meilleur des cas, on vous donnera l’impression de vous écouter et même de compatir et éventuellement on vous jettera des miettes. Ainsi, les laissés-pour-compte, jeunes comme moins jeunes, n’ont de choix que de chercher une terre d’adoption car produire et se produire en ce pays, quand on est musicien, est une guerre d’usure contre le lobbying entre autre ministériel et la marginalisation. C’est encore pire que celle qui oppose Biden à Poutine car si cette dernière est récente, celle de la culture chez nous est l’essence même de la vie culturelle on dirait.