Le colonel de l’armée malgache Michaël Randrianirina a été investi président de Madagascar vendredi, quelques jours après la prise de pouvoir par les militaires et la chute de l’ex-président Andry Rajoelina, en fuite à l’étranger après trois semaines de manifestations.
Propulsé sous les feux des projecteurs il y a moins d’une semaine, le colonel Michaël Randrianirin a été investi président de Madagascar, ce vendredi 17 octobre 2025 lors d’une cérémonie à la Haute cour constitutionnelle dans la capitale Antananarivo.
Un lieu de symbole pour ce nouveau pouvoir exécutif qui cherche à prouver sa légitimé institutionnelle. Le colonel a reçu par la même occasion la distinction de « Grand Croix de première classe de l’Ordre national », réservée exclusivement aux présidents.
M. Randrianirina, chef du CAPSAT, une unité de l’armée qui s’est mutinée et s’est jointe aux manifestants antigouvernementaux le weekend dernier. En deux ans, ce militaire de 51 ans est passé d’une arrestation pour soupçon de tentative de coup d’État à une investiture imminente au poste suprême sans passer par les urnes.
Les hommes du “colonel Michaël”, comme l’appelle affectueusement la rue, ont condamné la présidence d’Andry Rajoelina en ralliant samedi les protestataires qui font vaciller le pouvoir depuis le 25 septembre. Ces manifestations menées par le collectif Gen Z et des influenceurs avaient d’abord pour objectif de demander la fin des coupures d’eau et d’électricité, avant que les protestations mènent à la contestation du pouvoir d’Andry Rajoelina. Au moins 22 personnes ont été tuées et une centaine blessées au début du mouvement, d’après un bilan de l’ONU.
“Ce n’est pas un coup d’État”
Le coup de grâce est tombé mardi quand M. Randrianirina, ancien gouverneur du district d’Androy, dans le sud du pays, a annoncé avec son unité “prendre le pouvoir”. “Un coup d’État, c’est quand les soldats entrent dans le palais présidentiel avec des armes, qu’ils tirent, qu’il y a du sang… Ce n’est pas un coup d’État”, a-t-il assuré.
Reste que l’ONU a déclaré qu’elle “condamne un changement inconstitutionnel de pouvoir” à la veille de la prestation de serment. Et l’Union africaine a suspendu Madagascar de ses instances.