La France recommande à ses ressortissants de quitter temporairement le Mali « dès que possible par les vols commerciaux encore disponibles », alors que Bamako, la capitale, et de nombreuses régions du pays sont peu à peu asphyxiées par un blocus djihadiste, selon une note aux voyageurs postée par le ministère des affaires étrangères, vendredi 7 novembre.
Le ministère des Affaires étrangères précise que « les déplacements par voie terrestre restent déconseillés, car les routes nationales sont actuellement la cible d’attaques de groupes terroristes », et rappelle qu’il « reste formellement déconseillé de se rendre au Mali, quel que soit le motif ». Interrogé par l’Agence France-Presse, il n’était pas immédiatement en mesure de dire si la consigne s’adresse également au personnel de l’ambassade.
De son côté, l’armateur de porte-conteneurs MSC, géant mondial italo-suisse, a annoncé, vendredi, dans un communiqué daté de jeudi, suspendre « jusqu’à nouvel ordre » ses livraisons terrestres de marchandises vers le pays, en raison de « problèmes de sécurité » et de la « pénurie de carburant » causés par un blocus djihadiste.
Ces derniers jours, 14 civils maliens ont été tués par des djihadistes dans la localité de Léré, dans le centre du Mali, selon des sources locales, militaires et des rescapés.
Washington exhorte ses ressortissants à « quitter immédiatement » le pays
A la fin d’octobre, les Etats-Unis et le Royaume-Uni avaient annoncé l’évacuation du pays des membres « non essentiels » de leur personnel et de leurs familles en raison de « risques sécuritaires ». Quelques jours auparavant, l’ambassade des Etats-Unis avait déjà exhorté ses ressortissants à « quitter immédiatement » le pays par des vols commerciaux parce que « la pénurie de carburant, la fermeture des écoles et universités à travers le pays [et] le conflit persistant entre le gouvernement malien et des éléments terroristes près de la capitale, Bamako, aggravent la nature imprévisible de la situation sécuritaire ». La décision américaine a été suivie par celles similaires d’autres pays, dont l’Italie, l’Allemagne, le Canada et l’Espagne.
Depuis le mois de septembre, le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaida, s’attaque au Mali aux camions-citernes de carburant venant notamment du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, par où transite la majorité des biens qu’importe le Mali. Selon le GSIM, le blocus est une mesure de représailles à la suite de l’interdiction par les autorités maliennes de la vente de carburant hors stations en milieu rural, où le carburant est transporté dans des jerricans pour être ensuite vendu. La mesure avait pour but d’assécher les moyens d’approvisionnement des djihadistes, selon les autorités.
Malgré les escortes de l’armée, plusieurs camions ont été incendiés, des chauffeurs et des militaires tués ou enlevés dans des embuscades djihadistes. Alors que le blocus se fait ressentir depuis deux semaines dans la capitale, l’économie de ce pays sahélien enclavé tourne au ralenti et le quotidien des habitants est devenu extrêmement difficile.
