Après le Sri Lanka, le Bangladesh, le Népal où les gouvernements ont sauté, mais aussi le Pakistan, l’Indonésie et les Philippines, le mouvement Génération Z ou Gen Z s’étend à d’autres continents et touche Madagascar, le Maroc et même le Pérou. Il est également visible en France notamment à Marseille dans les manifestations sociales.
La génération Z qui regroupe les jeunes de 15 à 30 ans défile souvent derrière le drapeau du manga « One piece ». Les jeunes en colère l’ont choisi, explique le philosophe japonais Gatsu Sensei, car « le message de ce manga est universel, il évoque la bataille d’une bande de pirates contre une oppression politique jugée illégitime ». En effet, ils protestent principalement contre la corruption des pouvoirs en place qui ne gouvernement que pour préserver leurs intérêts et ceux de leurs proches. Ils réclament un meilleur avenir et la justice.
Au Maroc où les manifestions quotidiennes dans de nombreuses villes ont commencé samedi dernier, le déclencheur a été le décès de huit femmes enceintes admises à l’hôpital public d’Agadir pour des césariennes. Le 14 septembre, une manifestation a eu lieu pour exiger de meilleurs services publics. La « Gen Z 212» (indicatif téléphonique du Maroc), dont on ne connaît pas les dirigeants, a pris le relai et étendu les revendications. Les inégalités sociales restent un problème majeur avec de fortes disparités régionales et un fossé entre les secteurs public et privé. Le taux de chômage des jeunes tourne autour de 50% en milieu urbain. Sur le réseau Discord, la « Gen Z 212 » a affiché hier soir ses buts : « Nous voulons un pays pour tous les Marocains, un pays pour les malades, les illettrés, les chômeurs et les pauvres, et non une tribune pour des politiciens au ventre plein. Nous avons besoin de responsables au service du peuple, et non de leurs propres intérêts ». Elle affirme rejeter « la violence » et agir par « amour de la patrie et du roi » Mohammed VI.
Au moins 200 arrestations ont déjà eu lieu, suivies de libérations, mais 37 personnes seront jugées à partir de lundi. Hier soir, le gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch, a promis de répondre « positivement » aux revendications des protestataires. Ces derniers votent aujourd’hui sur la poursuite, ou non, des rassemblements. Le résultat est attendu ce matin.
A Madagascar, où les manifestations ont débuté jeudi dernier, la répression a été violente, environ 22 morts. Au départ, les Malgaches s’élevaient contre les coupures incessantes d’eau et d’électricité. Face à la réaction du pouvoir et de sa police, la colère a dépassé la génération Z et l’on assiste à une vaste contestation sociale. La démission du président Rajoelina, dont la réélection avait été contestée en 2023, est réclamée. Il a renvoyé tous ses ministres sans apaiser le mécontentement. Ce matin, un appel à la grève générale a été lancé et, dans les rues d’ Antananarivo, on entendait ce genre de propos : « Nous ne sommes pas ici uniquement pour l’électricité, il y a aussi la corruption. On en a marre, il n’y a rien qui marche à Mada, pardonnez-moi pour l’expression mais tout est bordélique. Nous demandons au Président de démissionner d’ici 72 heures. Il ne pense qu’à son intérêt, et à l’intérêt de sa famille ! Mais nous ici, c’est la famine qui nous tue ! »
En 2022, près de 75 % de sa population vivait sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale. Par ailleurs, l’organisation Transparency International le place au 140e rang sur 180 dans son indice de perception de la corruption.
