Tout en regrettant que Netanyahou campe sur ses positions maximalistes, on voulait croire que les fortes et nouvelles pressions exercées sur lui le force à desserrer son étreinte mortelle sur Gaza. Espoir déçu ?
Le Premier ministre israélien n’a pas encore annoncé sa décision, mais hier, il s’est montré menaçant : « Il est nécessaire de vaincre totalement l’ennemi à Gaza, de libérer tous nos otages et de s’assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël. Nous n’abandonnons aucune de ces missions ». La force qu’il emploie et prône ne libère pas les otages, elle tue. L’armée s’oppose à l’occupation totale de l’enclave, “trop risquée et intenable” selon le chef d’ état-major Eyal Zamir. Peu importe, rétorque le ministre de la Défense qui déclare que s’il a le droit « d’exprimer » son opinion, il devra « exécuter avec détermination » les décisions politiques du gouvernement.
Même fermeté au Conseil de sécurité de l’ONU où le ministre des Affaires étrangères de Tel Aviv a continué à nier les évidences, dénonçant un monde « à l’envers », où Israël est tenu responsable des crimes commis contre lui. Il a affirmé qu’une aide humanitaire massive est régulièrement acheminée et que le Hamas « se régale de viande et de légumes ». Pourtant, la faim tue tous les jours et un Gazaoui n’a, par jour, que 3 à 5 litres d’eau potable contre 247 pour un Israélien…
Benjamin Netanyahou ne pense qu’à lui. Un accord, la fin de sa guerre le mènerait devant les tribunaux devant lesquels il devrait rendre des comptes dans ses affaires de corruption, fraude et abus de confiance et aussi sur la manière dont il a fait monter le Hamas et son attitude avant le 7 octobre.
Il se bat pour lui, non pour son pays, et la société israélienne est de plus en plus déchirée. Selon un sondage, publié par Times of Israël le 31 juillet, et sans doute déjà dépassé, 53,2 % de la population rejette une occupation de Gaza et moins de 40 % des Israéliens l’approuvent. Même perte de popularité aux Etats-Unis où sa cote est plus basse que jamais à 52 %. Cependant, les électeurs républicains continuent de le soutenir à 67 %. Ce qui signifie que Trump, malgré ses récentes critiques sur la famine, ne va pas le lâcher. Ils se ressemblent, même si, au fond, leur amitié n’est pas si solide : ils sont innocents de tout ce qu’on leur reproche et sont prêts à tout pour faire taire les opposants. A Tel Aviv, la procureur générale, Gali Bahara-Miara, en sait quelque chose même si la Cour suprême a suspendu son limogeage.Comme le dit depuis des semaines l’ex-ambassadeur d’Israël en France, Elie Barnavi, Netanyahou mène une guerre « purement politique » à Gaza. Et « si on ne l’arrête pas, on se sera rendu coupable d’un crime contre l’humanité massif ». Et lui d’un crime contre son pays.