« Il est douloureux et affligeant que le gouvernement américain soit le seul à continuer à soutenir les projets agressifs et expansionnistes d’Israël et à soutenir la poursuite de l’occupation par Israël des territoires palestiniens et arabes, ses crimes permanents et la poursuite de la politique de la main de fer contre nos femmes et nos enfants. Il est tout aussi douloureux et affligeant que le gouvernement américain persiste à refuser de reconnaître le droit de 6 millions de Palestiniens à l’autodétermination… »
Ces mots n’ont pas été prononcés par Mahmoud Abbas qui vient se de se voir refuser par Trump un visa pour se rendre à l’Assemblée générale des Nations Unies, mais par Yasser Arafat le 13 décembre 1988 ! Cette année-là, le président américain Ronald Reagan avait estimé qu’il avait un droit absolu, tout à fait compatible avec le statut de l’ONU sur le territoire américain, d’accueillir ou non qui il voulait.
Ce refus avait indigné l’organisation mondiale qui, par 154 voix pour, 2 contre – Etats-Unis et Israël- et une abstention – Grande Bretagne- de tenir l’Assemblée générale annuelle à Genève. De nombreux pays s’élèvent contre la décision de Trump, mais il serait étonnant qu’ils se prononcent pour une délocalisation. Ce serait pourtant une manière solennelle de dire non aux Etats-Unis et de reconnaître l’État de Palestine.
L’indépendance de cet Etat avait été proclamée le 15 novembre précédent à Alger par le Conseil national palestinien.
Aujourd’hui, Washington justifie son refus en invoquant la « sécurité nationale » et en tenant « l’Organisation de libération de la Palestine et l’Autorité palestinienne pour responsables de ne pas respecter leurs engagements et de compromettre les perspectives de paix». Inversion de la réalité ? Donald Trump et Marco Rubio auraient pu réécouter le discours d’Arafat à Genève, il y affirmait notamment : « Je condamne le terrorisme sous toutes ses formes et, en même temps, je salue ceux qui sont assis devant moi dans cette salle et qui, à l’époque où ils luttaient pour libérer leurs pays du joug du colonialisme, étaient accusés de terrorisme par leurs oppresseurs et qui, aujourd’hui, sont les dirigeants fidèles de leurs peuples, les champions intrépides des valeurs de justice et de liberté ». Il se souvenait que lors de son premier discours à l’ONU en 1974, « vos voix ont résonné dans la salle de l’Assemblée générale : « Oui à la Palestine et au peuple de Palestine ! Oui à l’Organisation de libération de la Palestine ! Oui aux droits nationaux inaliénables du peuple de Palestine ! Le rêve que nous avions alors était la création d’un État démocratique de Palestine dans lequel les musulmans, les chrétiens et les juifs vivraient sur un pied d’égalité”… Nombre de ses mots résonnent encore aujourd’hui avec force, sont d’actualité : « Nous faisons la distinction entre le citoyen juif, que les cercles dirigeants israéliens ont continuellement cherché à désinformer et à tromper, et les pratiques des dirigeants d’Israël. Nous sommes même conscients qu’à l’intérieur et à l’extérieur d’Israël, il existe des personnes juives courageuses et honorables qui ne cautionnent pas la politique de répression, de massacre, d’expansion, de colonisation et d’expulsion du gouvernement israélien et qui reconnaissent que notre peuple a des droits égaux à la vie, à la liberté et à l’indépendance. Au nom du peuple palestinien, je les remercie tous pour leur position courageuse et honorable ».

Rappelons enfin que le 22 novembre 1974, à la suite du discours d’Arafat, l’Assemblée générale avait voté à une majorité écrasante la reconnaissance du droit des Palestiniens à l’auto-détermination. Ses membres avaient été convaincus par le leader de l’OLP qui les avaient suppliés : « Aujourd’hui, je suis venu porteur d’un rameau d’olivier et d’un fusil de combattant de la liberté. Ne laissez pas le rameau d’olivier tomber de ma main. Je vous le répète : ne le laissez pas tomber de ma main »…