Le parquet près le tribunal de première instance de Tunis a autorisé l’ouverture d’enquêtes judiciaires à l’encontre de trois avocats, après leur renvoi par le parquet général de la Cour d’appel de Tunis, sur la base de plaintes déposées par la Direction générale des prisons et de la rééducation, a indiqué ce mercredi une source judiciaire à l’Agence Tunis Afrique Presse (TAP).
Selon la même source, ces plaintes portent sur la diffusion de “rumeurs et de fausses informations” concernant les grèves de la faim dans les établissements pénitentiaires, ainsi que sur la circulation de données jugées “erronées” relatives à la dégradation de l’état de santé de certains détenus se déclarant grévistes.
Le porte-parole de la Direction générale des prisons et de la rééducation, Ramzi Kouki, avait nié, dans deux déclarations accordées à la TAP les 5 et 11 novembre, les informations relayées par certains médias et réseaux sociaux faisant état d’une détérioration de la santé de plusieurs prisonniers politiques en raison de leur grève de la faim.
Il a affirmé que leur état est “normal et stable”, sur la base des examens médicaux quotidiens effectués par le personnel médical et paramédical, ajoutant que certains détenus auraient continué à consommer de la nourriture et des boissons, selon ses propos.
Kouki a également annoncé que la Direction générale avait entamé des poursuites judiciaires contre toute personne ayant délibérément diffusé des informations inexactes sur ce sujet, et qu’elle avait transmis l’ensemble des éléments de preuve disponibles aux autorités judiciaires compétentes.
Il a insisté sur le souci constant de l’administration pénitentiaire de garantir à tous les détenus les soins médicaux nécessaires et le respect de leurs droits fondamentaux, sans discrimination.
De leur côté, les familles des détenus politiques ont tenu, lundi soir, une conférence de presse au cours de laquelle Me Dalila Ben Mbarek Msaddek, sœur du détenu Jawher Ben Mbarek, a affirmé que l’état de santé de son frère se dégradait dangereusement et qu’il était “menacé de mort à tout moment”, malgré la visite d’un médecin.
Elle a précisé qu’il avait été transporté à l’hôpital pour recevoir des soins, mais qu’il avait refusé toute intervention médicale, choisissant de poursuivre sa grève, se limitant à boire de l’eau.
Jawher Ben Mbarek, poursuivi avec plusieurs autres figures politiques dans le cadre de ce que les autorités qualifient d’“affaire de complot contre la sûreté de l’État”, avait entamé, le 29 octobre dernier, une grève de la faim totale — refusant nourriture, eau et médicaments — pour protester contre les conditions de son procès et de sa détention.
Par ailleurs, Monia Ibrahim, épouse du détenu Abdelhamid Jelassi, a déclaré que son mari avait rejoint, lundi soir, le mouvement de grève de la faim initié par plusieurs prisonniers politiques, dont Issam Chebbi, également en grève depuis le jeudi précédent.
