Le Festival international de Carthage a annoncé la déprogrammation du concert de la chanteuse française Hélène Ségara, initialement prévu dans le cadre de sa 59e édition, à la suite d’une campagne sur les réseaux sociaux dénonçant son soutien à Israël.
La présence annoncée de l’artiste a été perçue comme une provocation par de nombreux Tunisiens, en raison de ses prises de position publiques jugées favorables à l’occupation israélienne. Ségara a en effet participé à plusieurs événements organisés par des institutions soutenant des projets en Israël, notamment le “Fonds social juif unifié”, et a interprété une chanson écrite par la poétesse israélienne Naomie Shemer, considérée par certains comme un hymne non officiel à l’État d’Israël glorifiant l’occupation de Jérusalem-Est.
Face à cette indignation populaire, des voix issues de la société civile, d’associations et de groupes culturels ont interpellé les responsables du festival, dénonçant une tentative de “normalisation culturelle” à travers l’art. Ils ont exigé que le festival reste fidèle aux valeurs historiques de la Tunisie, profondément engagée en faveur de la cause palestinienne. La mobilisation a été suffisamment massive pour contraindre la direction à revoir sa programmation.
Dans un communiqué officiel, la direction du Festival de Carthage a confirmé le retrait du spectacle de Hélène Ségara. Elle a réaffirmé le soutien indéfectible de la Tunisie au peuple palestinien et son attachement à la création d’un État palestinien indépendant avec Al-Qods pour capitale. Le communiqué souligne également que la programmation artistique de cette édition rend hommage à la lutte du peuple palestinien. Le spectacle d’ouverture, signé par le compositeur Mohamed Garfi, retrace les différentes étapes de l’engagement tunisien en faveur de la Palestine depuis l’indépendance. D’autres spectacles s’inscrivent dans cette dynamique, à l’image du concert de Riadh Fehri dédié aux enfants de Ramallah, ou encore celui de l’artiste palestinienne Nai Barghouthi, dont la voix s’élèvera dans le cadre du spectacle “Imagine ton âme écouter” de Karim Thlibi.
Le festival accueillera également deux figures emblématiques de la scène artistique palestinienne : Mohammed Assaf, connu pour avoir fait rayonner la voix palestinienne sur la scène internationale, et Saint Levant, jeune artiste engagé dont les performances dénoncent les exactions de l’occupation.