594 morts depuis dimanche dans des affrontements communautaires, intervention massive israélienne pour protéger les druzes : la Syrie était dans une « situation troublante et terrifiante » selon le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio.
Sous pression américaine, arabe et turque, le président par intérim Ahmed Al Charaa a retiré ses troupes qu’il avait dépêchées à Soueida et transféré « à des factions locales et des cheiks » druzes la responsabilité du maintien de la sécurité dans la ville. Il a dit vouloir éviter « une guerre ouverte » et donner « la priorité à l’intérêt des Syriens plutôt qu’au chaos et à la destruction ». Il a rappelé sa volonté d’union nationale et « la nécessité d’éviter que le pays ne glisse vers une nouvelle guerre qui pourrait l’éloigner de ses objectifs de se rétablir de la guerre dévastatrice et l’éloigner des difficultés politiques et économiques laissées par le régime déchu». Celui qui a renversé Bachar Al Assad a affirmé que « nous sommes déterminés à demander des comptes à ceux qui ont porté atteinte à nos compatriotes druzes qui sont sous la protection de l’État, et la loi et la justice garantissent les droits de tous, sans exception ».
Ce genre de propos, l’homme fort de la Syrie les a déjà tenus après les massacres d’alaouites en mars, les premiers heurts du côté de Soueida en avril ou encore l’attentat contre une église chrétienne en juin, mais jamais les résultat des enquêtes promises n’ont été publiés et l’on ignore si des sanctions ont été prises. Mais l’on sait que les factions d’Al Charaa étaient aux côtés de bédouins et ont procédé à des exécutions sommaires.
Les mêmes questions qu’il y a huit mois se reposent donc : qui est Al Charaa, que veut-il ? Il est évident qu’il n’est pas démocrate et que s’il a présenté un profil tolérant et avenant aux Américains et Européens, joué la carte de l’unité afin d’obtenir la levée des sanctions, il ne serait pas véritablement le défenseur des minorités. Elles devraient plutôt se soumettre. Dans son gouvernement, une seule femme et ses proches, djihadistes, sont aux postes régaliens. Son but serait bien d’instaurer une République islamiste.
A Soueida, des druzes qualifient les combattants du président de « barbares islamo-terroristes » et nombre de spécialistes de la Syrie estiment qu’Al Charaa est maître dans l’art de la taqiya, qu’il décide de tout mais rejette la responsabilité sur d’autres…
Toujours est-il que le président intérimaire vient de subir une lourde défaite. Dans la réalisation de son projet islamiste – s’il est avéré- et face à Israël qui agit plus par opportuniste que pour défendre les druzes. L’Etat hébreu qui avait détruit les capacités de l’armée syrienne – qui n’existe plus- se construit un environnement démilitarisé voire vassalisé.