Le Front de Salut national a réagi à la révocation, par décret présidentiel, de 57 magistrats accusés par le chef de l’Etat de dépassements multiples.
« Il s’agit d’un décret qui se base sur des soupçons sur lesquels les instances disciplinaires et judiciaires n’ont pas tranché définitivement. Il s’agit d’un décret violant le principe de séparation des pouvoirs puisque le président s’arroge le droit de révoquer des juges sans qu’ils n’aient le droit au recours et avant que la justice ne se prononce sur les soupçons ».
Pour le front, constitué autour de Ahmed Néjib Chebbi pour s’opposer à la démarche du président Saïed, le chef de l’Etat justifie sa décision par la lenteur de la justice et la réticence de certains magistrats à statuer sur les affaires politiques, notamment l’affaire dite de l’appareil secret.
« L’ingérence du président de la République dans le fonctionnement de la justice dépouille celle-ci de ce qui lui reste de présomption d’indépendance, après la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature. L’appareil judiciaire se transforme ainsi en outil de répression comme c’est le cas dans tous les régimes autoritaires ».
Le Front de Salut estime que cette décision « dangereuse » menace d’une confrontation entre l’appareil de l’Etat d’un côté, et les partis politiques, les organisations nationales, les leaders d’opinion, journalistes et universitaires, de l’autre. « Cette mesure ne fera qu’aggraver la crise politique à un moment où la situation sociale risque une détérioration rapide, mais aussi elle accentuera l’isolement du pays ».
La coalition condamne en définitive la décision du président qui s’attèle à démolir ce qui reste de l’édifice démocratique et le principe de séparation des pouvoirs, appelant toutes les forces politiques et sociales à s’unir pour sauver la Tunisie.
