Sans contrepartie ? On verra plus tard. Toujours est-il que le pouvoir algérien fermement ancré dans son sentiment de puissance et de grandeur et qui cherche à maintenir une unité nationale plus ou moins factice autour de l’hostilité à l’égard de la France ne pouvait libérer Boualem Sansal sans perdre la face. De même, Paris ne pouvait accepter d’être humilié par Alger en acceptant les condition mises pour la libération de l’écrivain, comme la remise de dissidents. C’est pourquoi, le président Macron avait demandé l’aide de l’Allemagne dont les relations avec Alger sont sans nuage.
Boualem Sansal est libre, et c’est un immense soulagement, mais avec Kamel Daoud, prix Goncourt 2024 avec son livre Houris qui lui vaut deux mandats d’arrêt internationaux émis par Alger, on attend et espère la libération de l’Algérie. L’Algérie « a besoin de grandir », dit-il. Et il poursuit : « l’Algérie s’est bâtie et s’est battue autour du concept de libération. Il est donc tragique de voir aujourd’hui, dans ce pays, un écrivain emprisonné, les libertés encasernées, des ISTN (interdictions de sortie du territoire national) frapper de nombreux citoyens, tandis que d’autres écrivains sont harcelés ailleurs. Aujourd’hui, Sansal est libéré et mon souhait pour mon pays natal est qu’il libère tous les Algériens, la parole, la créativité, et se libère lui-même. Cette histoire a fait aussi beaucoup de mal à l’Algérie. Qu’est-ce qu’un pays qui s’est battu pour sa liberté pour finalement en arriver à une pareille situation ?”
Dictature en proie à des conflits internes, l’Algérie, de plus en plus isolée, va d’échec en échec dont les plus marquants sont le refus de son intégration au sein des Brics et le vote de l’ONU en faveur du Maroc sur le Sahara occidental. En septembre, le Grand Alger était en alerte sécuritaire après la disparition de l’ancien patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Abdelkader Haddad, alias Nasser El-Djinn, placé en résidence surveillée sur les hauteurs d’Alger après son limogeage en mai. Abdelmadjid Tebboune dénonçait alors « les tentatives de sabotage émanant des traîtres de l’intérieur » et les « rumeurs » visant à « semer le doute parmi les citoyens ». Preuve supplémentaire de l’instabilité algérienne.
De ce flou pourrait sortir une amélioration des relations entre Paris et Alger. Le nouveau ministre français de l’Intérieur, Laurent Nunez, qui a désavoué Retailleau et sa méthode brutale, pourrait se rendre bientôt à Alger où il est invité. Et les deux présidents pourraient s’entretenir dans une dizaine de jours, en marge du sommet du G20 de Johannesburg. Ensuite, le procès en appel, le 3 décembre, du journaliste sportif Christophe Gleizes, arrêté sans raison réelle, donnera une visibilité sur un possible et attendu rapprochement.
