La première réaction est l’incrédulité. Et pourtant, c’est vrai : deux policiers, ses gardes du corps, sont entrés en prison avec Nicolas Sarkozy et occupent une cellule voisine. Partout où il va, ils iront, en plus d’un agent pénitentiaire. Deux fonctionnaires de la police nationale sont mis à titre permanent à la disposition d’un ancien président pour assurer sa protection rapprochée, sauf s’il ne le souhaite pas.
Rien d’anormal selon le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez, qui parle d’ « une décision visant à assurer sa sécurité en plus, évidemment, de tout ce qui est mis en œuvre par l’administration pénitentiaire. Le ministre se justifie en indiquant que des menaces un peu plus importantes pèsent sur l’ancien président de la République qu’est Nicolas Sarkozy » et précise que «c’est évidemment un citoyen comme les autres ».
On a du mal à le croire et la mesure passe mal auprès des surveillants pénitentiaires. Wilfried Fonck, secrétaire national UFAP UNSa Justice, premier syndicat de surveillants pénitentiaires est clair : « Aujourd’hui, on a deux personnes civiles qui sont à l’intérieur d’un établissement pénitentiaire qui n’ont rien à y faire. Ils n’ont rien à faire là, ils ne sont pas rompus au fonctionnement d’un établissement pénitentiaire. On va plutôt avoir deux boulets supplémentaires à traîner ».
Lors de sa première journée, Nicolas Sarkozy, qui a déjà eu droit à deux visites au parloir, a fait du sport et a commencé à écrire son livre. Va -t-on avoir droit à une chronique journalière des aventures de Nicolas en prison ? « Ce n’est pas le Club Méditerranée », a raconté un de ses avocats, décrivant une cellule de 9m² avec du « bruit tout le temps ».
Pas le luxe auquel il est habitué, mais un confort que les autres détenus aimeraient avoir. La sénatrice Anne Souyris, qui a visité récemment la Santé a témoigné d’une « lente dégradation ». L’établissement affichait au 1er août une surpopulation de 189,2% avec 1243 détenus. Une centaine d’entre eux dorment sur des matelas au sol.
Dans son dernier rapport, en juin, une contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, livre une description saisissante des conditions de détention françaises, les pires d’Europe après Malte et la Roumanie : « Tout cela nous coûte très cher pour fabriquer de la récidive. Vous sortez de quelques mois entassés à trois 22 heures sur 24 dans une cellule avec des cafards qui grouillent, des punaises de lit qui vous dévorent et des rats qui courent. L’état de nos prisons est honteux, c’est immonde ».
Un constat alarmant que Sarkozy ne… constatera pas. Même si c’est dur pour lui…