Avant de se rendre en prison, Nicolas Sarkozy a reçu le soutien de quelques centaines de personnes venues devant son domicile dans le quartier parisien huppé de la Villa Montmorency : « Nicolas, on est avec toi », “Libérez Nicolas”, « Honte à la justice », « Non au gouvernement des juges », entendait-on, et aussi La Marseillaise.
Une mise en scène, de la communication pour bien ancrer que l’ancien président est une victime, pour en faire un héros. « Il va devenir un héros romanesque ! » disait d’ailleurs Nadine Morano, députée européenne et ancienne ministre. Depuis qu’il est poursuivi dans cette affaire libyenne, Nicolas Sarkozy tient à se faire passer pour une victime. Dans un message posté juste avant son incarcération sur les réseaux sociaux, il a répété que c’est « un innocent » que « l’on enferme » et a promis à ses partisans « que la vérité triomphera, mais que le prix à payer aura été écrasant ».
Le président-prisonnier poursuit le même but en donnant le titre des trois livres qu’il a emporté avec lui : les deux épisodes du Comte de Monte Cristo et une biographie de Jésus. La vengeance d’un innocent, la crucifixion du sauveur… Et il voudrait écrire un livre pour exposer sa « vision des faits », en s’inspirant des lettres écrites par le capitaine Alfred Dreyfus à l’île du Diable, en Guyane française. Victimisation totale… Il pourrait aussi parler de l’union des droites car ses sympathisants avouaient qu’ils voteraient volontaires pour Bardella, Zemmour ou de Villiers.
A la prison parisienne de la Santé, des détenus ne le voient pas comme un innocent. Ils pourraient protester bruyamment contre celui qui voulait « nettoyer au karcher les banlieues » qui abritaient des « racailles ». Sarko a prévu et mis des boules quies dans sa valise. Ou il montera le son de sa télévision louée pour 14 euros par mois.
Combien de temps restera-t-il dans sa cellule de neuf mètres carré ? Ses avocats ont déjà déposé une demande de libération. La cour d’appel “a deux mois pour statuer” et le délai moyen actuellement à Paris pour ces demandes est d’un mois.
Si Nicolas Sarkozy clame sans cesse son innocence et ressent « une peine profonde pour la France qui se retrouve humiliée par l’expression d’une vengeance qui a porté la haine à un niveau inégalé », il ne faut pas oublier qu’il a déjà été condamné à la prison dans l’affaire des écoutes pour corruption et trafic d’influence et dans celle appelée Bygmalion pour dépenses excessives de campagne présidentielle. Pas tout à fait le palmarès d’un homme irréprochable.
L’ex-juge anticorruption Eric Halphen estime que « les politiques ne reconnaissent jamais les faits qui leur sont reprochés ».