Selima Sfar, la première femme de l’histoire du tennis tunisien à être entrée dans le top 100 de la WTA, a livré un témoignage poignant ce mardi dans le quotidien L’Équipe : elle y affirme que l’entraîneur français Régis de Camaret l’a violée à plusieurs reprises lorsqu’elle était adolescente. Le Français a déjà été condamné par le passé pour des faits similaires. « Aujourd’hui, à 46 ans, je peux parler parce que j’ai beaucoup travaillé sur moi et été aidée. La honte s’est transformée en fierté. »
Selima Sfar, l’ancienne star du tennis tunisien, a livré un long entretien au quotidien sportif L’Équipe dans lequel elle révèle qu’elle a subi des viols à partir de l’âge de 12 ans et demi de son entraîneur Regis de Camaret, condamné en 2014 à dix ans de prison pour viols. « Quand j’avais 12 ans et demi, j’ai été abusée par Régis de Camaret », pendant « pratiquement trois ans », témoigne-t-elle. « J’ai mis 25 ans à me l’avouer ».
Vingt-six autres anciennes joueuses, dont l’ex-numéro 2 du tennis français Isabelle Demongeot, avaient témoigné d’agressions sexuelles et de viols, des faits prescrits. Au moment des procès, Selima Sfar affirme être « tombée dans une vraie dépression ». « Mes parents et mes proches me disaient : ‘Heureusement, toi, tu es forte, tu n’aurais pas laissé ça arriver.’ Vous n’avez pas idée le mal que ça me faisait à chaque fois que j’entendais ça, la honte que j’avais. Ça me confirmait indirectement que j’étais lâche et faible. J’ai vécu ça pendant tout le procès. L’enfer. J’avais des idées noires », explique l’ancienne joueuse, aujourd’hui âgée de 46 ans. Sportivement, elle a atteint le top 100 mondial de la WTA, le circuit professionnel, en 2001, mais « chaque fois que j’étais sur le point de remporter une grande victoire, je me paralysais », détaille-t-elle. Régis de Camaret ou son entourage n’ont pu être joints ni par L’Équipe, par l’AFP.
Elle justifie sa prise de parole : « Il a été en prison, il a été condamné. Coupable, il l’est et le restera toujours. Il a commis un crime, c’est une certitude mais le but de cette interview n’est pas de le blâmer. Il a fait sa peine. J’en parle parce qu’il y a encore beaucoup d’abus, pour toutes celles et ceux qui sont victimes. »