
Par Sayda BEN ZINEB
Le film de Mehdi Hmili, « Streams » cartonne depuis des semaines à Tunis et à l’intérieur du pays, aux côtés d’autres œuvres de réalisateurs tunisiens comme, « Insurrection » de Jilani Essaadi, « Communion » de Néjib Belkadhi, « Moez, le bout du tunnel » de Mohamed Ali Nahdi, « Papillon d’or » d’ Abdelhamid Bouchnak » ou enfin, « Hors jeu flagrant », un court métrage signé, Sami Tlili.
Etant ces jours-ci très apprécié du public, « Streams » a fait sensation- à titre de rappel- lors de la première mondiale au festival du film de Locarno, au festival du Caire, (prix de la meilleure interprétation à Afef Ben Mahmoud), au festival du cinéma méditerranéen de Montpellier, à la Mostra de Valencia, au FIFF de Namur, etc…Des sujets qui gênent sont ici abordés avec audace et sans tabous. Ce n’est pas un film facile dans la mesure où le réalisateur se permet de bousculer l’ordre établi, car on ne sort pas indifférent de la salle après l’avoir vu.
L’histoire de « Streams » qui se déroule à Tunis dans les quartiers sombres, décrit non sans amertume, le parcours de quelques personnages dans les méandres d’une ville sujette à la violence et la dérive sécuritaire. Une plongée totale dans le monde de la nuit avec tous ses excès : la drogue, le sexe et la prostitution…Autrement dit, le déchirement de la société entre nantis et laissés- pour- compte.
Mehdi Hmili ausculte dans son nouveau film, le désarroi et les combats d’une mère injustement accusée d’adultère, qui fait face à une société ravagée par la violence ainsi qu’à un système policier dépravé. Un drame déchirant au cœur de la réalité tunisienne qui tient en haleine le spectateur du début jusqu’à la fin.
Amel, (personnage magistralement campé par Afef Ben Mahmoud), voulait booster son fils unique, Moumen, (interprété par Iheb Bouyahya), pour une carrière prometteuse dans le football. C’était la seule alternative pour sauver des êtres qui vont à la dérive et qui sont le jouet des flots, dont le mari, toujours absent ; son seul refuge l’alcool pour se consoler de sa vie ratée.
Là où le bât blesse, le contexte de la société tunisienne post- révolutionnaire qui montre à quel point la corruption s’est développée, la violence s’est répandue, l’obscurantisme et la criminalité se sont emparés de l’esprit des individus. Seulement, une reconnexion à la vie et à l’espoir au milieu des ténèbres, refait surface à la fin du film, quand la famille est sur le point de retrouver la paix en renouant par la force de l’amour, thème de prédilection du réalisateur. Epoustouflante à tous les niveaux, l’œuvre de Mehdi Hmili n’a pas fini de faire débat… A en juger par le grand succès récolté là où elle est projetée.
Réalisateur, scénariste et producteur, Mehdi Hmili qui vit et travaille entre Tunis et Paris, fait partie de la nouvelle vague des jeunes cinéastes tunisiens. Il réalise trois courts métrages autour de l’amour et l’exil : « X-Moment », « Li- La » et « La Nuit de Badr ». Et puis, il se distingue avec un premier long métrage de fiction, « Thala mon amour » qui a été salué lors de sa sortie en 2016. Tous nos souhaits pour davantage de succès dans les instances internationales !
