Clairement, Donald Trump a baladé ses alliés européens et trahi une partie de sa base électorale en frappant l’Iran qui n’a jamais menacé directement son pays. Le faiseur de paix, en se mettant au service de Benjamin Netanyahou, a choisi la guerre, plongé le monde dans l’incertitude. Et la paix qu’il propose à Téhéran n’est que soumission.
Sûr de sa force et dominé par son égo démesuré, le président américain s’est affranchi du droit international, de la charte des Nations unies pour frapper, montrer, comme il le fait au plan intérieur , que seule sa volonté compte. La détestation du régime iranien que l’on peut qualifier de menteur et d’effrayant ne donne pas la permission de lancer des bombes. Des bombes qui ne « libéreront » pas, par elles-mêmes , le peuple iranien qui souffre, qui peuvent entraîner une répression encore plus féroce.
Donald Trump, qui s’affirme maître du monde, aggrave le clivage entre le monde occidental et ce que l’on appelle le Sud global qui, s’il n’est pas forcément l’ami de Téhéran, ne supporte pas cette « loi » américaine, ni ce « deux poids, deux mesures, accusation née de l’intervention américaine en Irak en 2003. Et que l’on peut également appliquer à la Russie qui a annexé la Crimée en 2014. La Chine est prête à se conduire de la même manière à Taiwan. Un monde où la force prime le droit. Voir aussi Gaza et la Cisjordanie.
Donald Trump est entré en guerre, mais quelle guerre ? Il affirme que ses bombes GBU-57 ont « anéanti » les installations nucléaires iraniennes, mais n’en apporte pas la preuve. Où sont les 400 kilos d’uranium déjà enrichi à 60% ? Téhéran peut-il fabriquer et lancer une « bombe sale » Que fera Trump si l’Iran attaque une base américaine dans la région ? Et le prix du pétrole et du gaz ?
Le monde arabe a beau condamner les Etats-Unis, il n’ira pas au-delà des mots car Téhéran n’a pas de véritables amis. Nul ne veut qu’il possède un jour l’arme atomique.
L’Europe, elle, est trop divisée pour peser. Elle se range derrière les Etats-Unis avec conviction comme la Grande Bretagne ou « préoccupation » et réticence comme la France. On le verra ces prochains jours au sommet de l’Otan.
Enfin, il y a une dimension que Trump aurait mieux fait d’éviter et avec laquelle on ne saurait être d’accord. Déjà persuadé que Dieu l’avait sauvé de la mort, il a osé donner une justification religieuse à son action militaire : « Je tiens à remercier tout le monde, et en particulier Dieu. Je veux simplement dire que nous t’aimons, Dieu, et que nous aimons notre grande armée. Protège-les. Que Dieu bénisse le Moyen-Orient, que Dieu bénisse Israël et que Dieu bénisse l’Amérique ». Indigne, blasphématoire. Antimusulman ?