Trump et son administration poursuivent leur guerre idéologique et culturelle en interdisant à la prestigieuse université d’Harvard de recevoir des étudiants étrangers. Et le comble est que la décision est signée par Kristi Noem, la secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis. Leur présence constituerait donc un danger ? Elle motive l’interdiction par « un environnement non sécurisé, qui est hostile aux étudiants juifs, qui favorise les sympathies pro-Hamas et qui défend les politiques racistes DEI [diversité, égalité et inclusion] ».
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a signé des décrets pour renforcer le contrôle fédéral sur les campus, visant directement les procédures d’admission, les embauches de professeurs et le contenu des programmes. En avril, il a gelé plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales à Harvard, en représailles à son refus de se conformer à certaines exigences politiques. Il traitait la première université mondiale d’« institution antisémite d’extrême gauche » et de « menace pour la démocratie », de « foutoir progressiste » qui « accepte des étudiants du monde entier qui veulent détruire les Etats-Unis ».
Derrière ces attaques, contre la “gauche radicale”, la culture woke et les étrangers, il y a clairement une recul à la liberté d’expression – ce que Washington reproche aux Européens qui luttent contre l’extrême droite-, une atteinte à la démocratie. Le 47 -ème président américain entend imposer un changement de régime. Pour lui, la volonté du peuple, c’est-à-dire celle du président élu doit l’emporter sur les institutions, les contre-pouvoirs. L’exécutif a raison et nul ne peut s’y opposer.
En même temps, Donald Trump satisfait sa soif de vengeance. Tous ceux qui se sont opposés à lui, ou s’opposent, doivent être punis, écartés. Il n’y a qu’à voir ses échanges avec Bruce Springsteen. Lors de son actuelle tournée européenne, « le Boss » qui ne cacha pas son soutien aux démocrates met en avant son titre Land of Hope and Dream qui dit notamment : « L’Amérique que j’aime, l’Amérique que j’ai qualifiée dans mes chansons de phare d’espoir et de liberté pendant deux cent cinquante ans, est actuellement entre les mains d’une administration corrompue, incompétente et perfide. Ce soir, nous demandons à tous ceux qui croient en la démocratie et au meilleur de notre expérience américaine de se lever avec nous, d’élever vos voix contre l’autoritarisme et de laisser retentir la liberté ». En réaction, Trump l’insulte sur son réseau Truth social : « Il n’a pas de talent, il est odieux, c’est un obstiné, un connard, qui a soutenu avec ferveur Joe Biden l’escroc », est « bête comme ses pieds ». Ce « pruneau desséché (…) devrait SE LA FERMER », écrit-il en majuscules.
A Cannes, en recevant une Palme d’or d’honneur, Robert De Niro s’est mis au diapason en appelant à défendre la démocratie face aux menaces des autocrates, visant frontalement Donald Trump qu’il a qualifié d’« inculte ».Pour retrouver son droit d’accueil, Harvard doit, “avant dimanche”, dénoncer les participants aux manifestations contre la guerre menée par Israël à Gaza et donner accès aux dossiers disciplinaires. Appuyé par la… Chine, le monde universitaire est entré en résistance.