« Oh, ce n’est pas grave », a répondu Donald Trump à Politico qui l’interrogeait sur sa dispute, pratiquement en direct sur leurs réseaux sociaux, avec Elon Musk. Si c’est grave. Comment un président et l’homme le plus riche du monde ont pu s’écharper sans respect pour l’image de leur pays et se donner en spectacle au monde entier comme des piliers de bar éméchés qui en rajoutent sans cesse, comme des gamins dans une cour de récréation. Indigne de leur rang et lourd de conséquences potentielles.
Conscients des dégâts possibles, des conseillers présidentiels ont, dès les premières invectives échangées, poussé Trump à l’apaisement. Un coup de téléphone était prévu hier entre les deux hommes. Mais le mal est fait et la réconciliation semble impossible tant les accusations ont pris un tour personnel. Comment Trump pourrait oublier que Musk le mêle au scandale Epstein, ce financier accusé de crimes et d’exploitation sexuels. Certes, le président figure, comme Clinton, parmi ses relations mais il n’y a aucune preuve contre lui.
Le « fou », Musk, et l’ « ingrat », Trump, qui se menacent de représailles, peuvent mutuellement se faire mal tant au plan économique que politique. Le président veut faire adopter sa ”grande et magnifique” loi budgétaire qui creuse les déficits avant la fête nationale du 4 juillet, le milliardaire peut convaincre quelques sénateurs républicains de ne pas la voter. Le parti républicain risque de se diviser et de perdre les élections de mi-mandat surtout si Musk ne donne pas les financements annoncés aux candidats de Trump. Il a dépensé 270 millions de dollars pour le faire élire et ce clash vient de lui faire perdre 34 milliards en une seule journée (la capitalisation de Tesla dont il est actionnaire a chuté de 152 milliards).
Le président lui, pourrait annuler, au mépris du droit, des contrats avec Space X, même si la NASA dépend en partie du milliardaire et de ses fusées ( la moitié des lancements mondiaux). Son dôme d’or en souffrirait ainsi que la conquête de Mars à laquelle il s’était associée.
Au-delà, et une fois de plus, la crédibilité de Donald Trump est en jeu et aussi ses manières. Le chancelier allemand était à ses côtés dans le bureau ovale quand il s’est déclaré « déçu » par Musk. Et rappelons qu’avant de décider de supprimer les crédits d’impôts pour achat de véhicule électrique, il avait mis en scène son achat d’une Tesla, cette « magnifique » voiture de son ami, « grand patriote américain »…