Il y a deux mois, le 23 septembre, en marge de l’assemblée générale des Nations Unies, Donald Trump surprenait en assurant que l’Ukraine pouvait « regagner son territoire, et peut-être même aller plus loin » face à la Russie. Il ajoutait que l’armée de Poutine était « un tigre en papier » et que son économie était en plein crash. On évoquait aussi la fourniture de missiles à longue portée Tomahawk.
Changement total de décor mercredi avec la révélation d’un plan en 28 points issu de négociations entre Steve Witkoff et Kirill Dmitriev. L’Ukraine céderait à la Russie les oblasts de l’Est qu’elle ne contrôle pas totalement, réduirait de moitié la taille de son armée et renoncerait aux garanties de sécurité promises par l’Europe. Surprise, contraire à la doctrine de Trump de non envoi de forces à l’étranger, des soldats américains surveilleraient la ligne de démarcation. Selon le site Axios, les Etats-Unis offriraient une garantie de sécurité américaine pour l’Ukraine et l’Europe en cas d’ une future agression russe.
Pourquoi ce nouveau revirement de Donald Trump ? A ses yeux, l’Ukraine est peu de choses, elle ne compte guère dans sa volonté de faire du business, de conclure des deals gagnants. La Russie a beaucoup plus à offrir. Il songe toujours à détacher Moscou de Pékin et pense, par ailleurs, que c’est le bon moment. Volodymyr Zelensky est affaibli par le nouveau scandale de corruption qui touche ses proches et son armée est en grande difficulté. La population, elle, souffre de plus en plus à l’approche de l’hiver. La Russie frappe fort et avance sur le terrain, mais elle perd beaucoup d’hommes et sa situation économique se dégrade.
Et, élément également important, le président américain est lui-même en perte de vitesse, confronté à l’affaire Epstein et au mécontentement dû à l’inflation. Il affronte une impopularité sans précédent. Le dernier sondage Reuters/Ipsos place son approbation autour de 38 %, soit le plus bas niveau de son second mandat. Un accord sur l’Ukraine ferait remonter sa côte et ses chances en vue des élections de mi-mandat, l’an prochain.
Bien sûr, l’Europe, ignorée par Trump, proteste. « Pour qu’un plan fonctionne, il faut que les Ukrainiens et les Européens soient impliqués, c’est très clair », a affirmé, ce jeudi à Bruxelles, la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas. Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères est tout aussi catégorique : « Nous voulons la paix, les Ukrainiens veulent la paix, une paix juste qui respecte la souveraineté de chacun, une paix durable qui ne puisse pas être remise en question par de futures agressions, mais la paix, ça ne peut pas être la capitulation ».
Mercredi, en Turquie, Zelensky espérait rencontrer Witkoff pour négocier. L’Américain n’est pas venu. Le président ukrainien va rencontrer, jeudi, à Kiev des responsables du Pentagone.
L’avenir de l’Ukraine n’est pas encore écrit…
