Une trottinette électrique explose tôt ce mardi matin devant un immeuble à Moscou et tue un général et son assistant. Pas n’importe quel haut gradé mais Igor Kirilov qui, à la tête des forces de protection nucléaire, avait en charge les troupes de défense radiologique, chimique et biologique des forces armées russes. La veille, le Service de sécurité ukrainien (SBU) avait annoncé que ce général avait été jugé et condamné par contumace pour avoir utilisé des armes chimiques interdites en Ukraine. Le SBU affirme que depuis le début de la guerre, plus de 4 800 cas d’utilisation de « munitions chimiques » par l’armée russe ont été recensés et plus de 2 000 militaires » ukrainiens ont dû être hospitalisés avec divers degrés d’empoisonnement chimique. Kirillov, 54 ans, avait été sanctionné en octobre par Londres pour le déploiement présumé d’armes chimiques en Ukraine.
Cette opération, revendiquée par le SBU, est un grand succès pour les Ukrainiens, un exploit même qui montre que nul n’est à l’abri à Moscou et que Kiev a toujours des ressources et de la détermination. Une sorte d’avertissement à Poutine et à son entourage.
Toutefois, on peut s’interroger sur cet assassinat. Si éliminer un général meurtrier est de « bonne guerre », est-ce vraiment utile ? Cela change-t-il les données du conflit ? Non. Un général est remplaçable, les armes chimiques sont toujours là et Moscou voudra se venger de ce qui constitue une humiliation pour le Kremlin. Un exploit contre-productif ? Le vice-président du Conseil de la Fédération (la Chambre haute du Parlement russe), Konstantin Kossatchiov, a promis que « les assassins seraient punis. Sans aucun doute et sans pitié ».
On pense à ces nouveaux missiles balistiques Orechnik que Poutine a déjà menacé de lancer sur Kiev et qui peuvent faire, dit-il, autant de dégâts qu’une frappe nucléaire.
Malgré ce « coup » réussi par les Ukrainiens, la Russie a l’avantage sur le terrain. Lundi, son président s’est félicité d’une bonne année 2024 : «les troupes russes disposent de l’initiative stratégique sur toute la ligne de contact » et 189 localités ont été libérées. Il n’a pas évoqué une autre réalité, à savoir que les avancées russes s’accompagnent d’un nombre sans précédent d’exécutions de soldats ukrainiens. Le bureau du procureur ukrainien chargé des crimes de guerre enquête sur 147 soldats exécutés sur le champ de bataille. 87 % des exécutions ont eu lieu cette année.
La guerre se durcit avant l’installation de Donald Trump à la Maison Blanche, peut-être synonyme de cessez-le-feu ou, au moins, de négociations. Le président élu veut parler à la fois aux présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky pour arrêter le « carnage » a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Mar-a-Lago en Floride.
« Une grande partie de ce territoire, quand on regarde ce qui est arrivé… Il y a des villes où il n’y a pas de bâtiment debout, c’est un chantier de démolition (…). Les gens ne peuvent donc pas retourner dans ces villes, il n’y a plus rien », a déclaré le futur président américain.
Il semble bien que Moscou et Kiev savent que l’année 2025 sera décisive.