Depuis le stade moscovite de Loujniki, Vladimir Poutine s’est exprimé ce vendredi 18 mars devant un public acquis à sa cause à l’occasion d’un rassemblement organisé pour fêter les 8 ans de l’annexion de la Crimée. Dans le plus grand stade de Russie, plein à craquer, le président de la fédération russe a continué de développer ses thèses pour justifier son “opération militaire” sur le sol ukrainien depuis le 24 février. Devant une banderole “Non au nazisme”, Vladimir Poutine a déclaré: “Je fais tout pour notre peuple”. Utilisant une fois encore la thèse d’un génocide en cours par les forces ukrainiennes pour justifier l’invasion russe, il assure qu’“il y a eu un pilonnage constant dans cette région (le Donbass). Cela représente un véritable génocide”. « Fier de ses soldats qui combattent épaule contre épaule » , il a lancé une promesse au public: “Nous savons ce que nous devons faire ensuite… Nous réaliserons certainement tous les plans que nous avons élaborés”. Un couac cependant : le président a brusquement disparu ses écrans pour laisser la place à d’autres discours officiels et à des chants folkloriques. Quinze minutes plus tard, la télévision a repris la diffusion du discours du président russe en différé. Une panne technique…
Dans ce discours, il semble qu’il n’a pas parlé de « purification » comme il l’avait fait mercredi : « Tout peuple, et en particulier le peuple russe, est capable de distinguer les vrais patriotes de la racaille et des traîtres, et de recracher ces derniers comme un moucheron qui aurait atterri dans leur bouche. Je suis convaincu que cette purification naturelle et nécessaire de la société ne fera que renforcer notre pays ». Signe qu’il prend en compte l’opposition ?
Pendant ce temps, Joe Biden s’entretenait avec son homologue chinois Xi Jinping pour le mettre en garde contre une intervention dans ce conflit. La guerre en Ukraine n’est « dans l’intérêt de personne. La crise en Ukraine est une chose que nous ne voulons pas voir « , a déclaré le président chinois Xi Jinping à son homologue américain Joe Biden, selon des propos rapportés par la télévision d’Etat chinoise. Selon les médias officiels chinois, Xi Jinping a invité Joe Biden à remettre les relations bilatérales entre la Chine et les Etats-Unis « sur les bons rails » et souligné qu’il incombait à Pékin et Washington d’assumer leurs responsabilités en œuvrant ensemble à la paix dans le monde.
Sur le terrain, la guerre s’intensifie. Pour la première fois, un attaque russe est survenue dans le quartier de l’aéroport de Lviv, grande ville ukrainienne située près de la frontière polonaise. « Plusieurs missiles ont frappé une usine de réparation d’avions. Le bâtiment a été détruit par les tirs. Le fonctionnement de l’usine avait été suspendu auparavant, donc il n’y a pas de victimes pour l’instant », a indiqué le maire. Selon les sources locales, la zone a été touchée par quatre missiles de croisière russes tirés depuis la mer Noire, à plusieurs centaines de kilomètres de là. Pour l’heure, aucune victime n’était à déplorer.
A Marioupol, plus de 130 personnes ont pu être sauvées du bâtiment du théâtre bombardé par l’armée russe, mais des « centaines » d’autres demeurent sous les décombres, a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans une vidéo tout en promettant la poursuite des opérations de secours « malgré les bombardements » qui se poursuivent dans cette grande ville du sud-est du pays. La mairie de Marioupol a signalé que la situation était « critique » en ville avec des bombardements russes « ininterrompus » et des destructions « colossales ». Selon les premières estimations, environ 80% du parc de logements de la ville a été détruit.
L’armée russe a, elle, annoncé combattre désormais dans le centre-ville de ce port stratégique assiégé.
Lors d’un entretien téléphonique avec le chancelier allemand Olaf Scholz, le président russe a accusé l’Ukraine de formuler des demandes « pas réalistes », selon le Kremlin. Hier, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian avait accusé la Russie de « faire semblant de négocier ». Moscou propose à Kiev un statut neutre et démilitarisé, mais l’Ukraine réclame des garanties pour sa sécurité.