Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé le lundi 7 juillet lors d’une conférence de presse avoir proposé à l’armée un plan pour la création d’une nouvelle “ville humanitaire”, fermée, sur les ruines de Rafah au sud de Gaza.
C’est un déplacement de près de 600000 Palestiniens qu’Israël Katz souhaite opérer dans un premier temps, principalement issus de la région côtière d’Al-Mawasi. Ce serait une étape avant de déplacer l’ensemble de la population de Gaza, soit environ 2 millions de personnes, selon le journal The Times of Israël.
La population serait soumise à « un contrôle de sécurité » militaire avant d’entrer, afin de s’assurer qu’aucun membre du Hamas n’en fasse partie, a-t-il précisé. Une fois admise dans une zone sous contrôle israélien, la population Gazaouie aurait l’interdiction d’en sortir. Cette zone serait gérée par des organisations internationales.
Une zone mise en place pendant un futur cessez-le-feu?
Selon Israël Katz, il s’agirait d’une stratégie pour protéger les civils des zones contrôlées par le Hamas et affaiblir l’influence de ce groupe dans le sud de Gaza. Quatre autres sites de distribution d’aide humanitaire seraient créés dans la région, selon le ministre.
La construction de cette « ville » pourrait commencer pendant le cessez-le-feu de 60 jours entre Israël et le Hamas, en cours de négociation actuellement.Lire la vidéo
Selon une dépêche de l’agence Reuters, publiée le 7 juillet, la controversée Gaza Humanitarian Foundation (GHF), gérée par Tel Aviv et Washington pour la distribution d’aide alimentaire, aurait évoqué la création de camps ou « zones de transit humanitaire » à Gaza, voire à l’extérieur du territoire, où les Gazaouis pourraient « résider temporairement, se déradicaliser, se réintégrer et se préparer à se relocaliser s’ils le souhaitent. » Des déclarations démenties par la GHF.
La Fondation, soutenue par les États-Unis et Israël mais remise en cause par l’ONU et des dizaines d’ONG internationales, dit avoir distribué des dizaines de millions de repas depuis qu’elle a commencé à opérer dans la bande côtière palestinienne le 26 mai.
Ses opérations ont été entachées par des scènes chaotiques et des informations quasi quotidiennes faisant état de tirs des forces israéliennes sur des personnes qui attendaient pour recevoir des colis alimentaires.
Plus de 600 personnes ont été tuées alors qu’elles attendaient pour accéder aux rations distribuées sur les sites de distribution d’aide, a déclaré vendredi le Bureau des droits de l’homme des Nations unies. L’armée israélienne a reconnu à plusieurs reprises avoir ouvert le feu en direction de « suspects » présentant une « menace » aux abords des centres de la GHF.
Le ministre veut les encourager à « émigrer volontairement »
Israël Katz a de plus exprimé son souhait d’encourager les Palestiniens “à émigrer volontairement” du territoire de Gaza vers d’autres pays. Pour lui, ce plan « devait être mis en œuvre ».
En février, Donald Trump avait suggéré qu’un grand nombre de Palestiniens quittent Gaza pour « nettoyer » la bande de Gaza. Depuis, les responsables politiques israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahou, ont promu les expulsions forcées, les présentant souvent comme un projet américain.
Des experts juridiques considèrent ce plan comme une violation grave du droit international, équivalente à de l’épuration ethnique. L’avocat israélien, Michael Sfard, parle de “plan opérationnel pour un crime contre l’humanité”, dans The Guardian.