L’image, c’est une pancarte brandie par une femme pendant le journal télévisé le plus regardé se Russie. Brièvement, les téléspectateurs ont pu y lire : « Arrêtez la guerre. Ne croyez pas à la propagande. On vous ment, ici. Les Russes sont contre la guerre. »
Marina Ovsïannikova, 44 ans, mère de deux enfants, a été arrêtée immédiatement et emmenée au commissariat. Fille d’un père ukrainien et d’une mère russe qui « n’ont jamais été ennemis », la journaliste et productrice de Pervy Kanal a laissé une vidéo pour justifier son action, publiée par OVD-Info. Elle y dénonce le « crime » en cours en Ukraine : « La responsabilité de cette agression incombe à un seul homme : Vladimir Poutine. » Elle fait aussi son mea culpa, s’excuse d’avoir relayé par le passé la propagande du Kremlin : « J’en ai vraiment honte : honte d’avoir laissé raconter des mensonges sur les écrans de télévision. Honte d’avoir permis la “zombification” du peuple russe. Allez manifester. N’ayez peur de rien. Ils ne peuvent pas tous nous emprisonner. »
Cet après-midi, elle a été jugée pour avoir manifesté illégalement, selon un tribunal moscovite. Elle risquait 10 jours de détention pour avoir violé la très stricte législation russe sur les manifestations. Récusant toute culpabilité, elle a été condamnée à une amende d’environ 320 euros et libérée. Marina Ovsiannikova pourrait être maintenant inculpée du crime de publication d’« informations mensongères » sur l’armée russe, passible d’une peine maximale de 15 ans de prison. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié cette protestation d’acte de « hooliganisme »