Cyniquement, on pourrait dire que l’agression de deux militaires à Washington par un immigré afghan en situation régulière, qui avait travaillé avec l’armée et la CIA, tombe à point nommé pour Donald Trump. Englué dans l’affaire Epstein, malmené par la hausse de l’inflation, secoué par la publication d’une conversation polémique entre Steve Witkoff et Iouri Ouchakov, le président américain a l’opportunité de reprendre la main, d’imposer son récit sur un sujet qui lui convient particulièrement et qui va dans le sens de sa base Maga : la violence, la criminalité due à son prédécesseur, l’incapable Biden qui a laissé entrer « 20 millions d’étrangers inconnus venus du monde entier, d’endroits dont vous ne savez rien. Aucun pays ne peut tolérer un tel risque pour sa propre survie ».
Trump ne se soucie guère de la vérité et manipule les chiffres, ne retient que ceux qui vont dans son sens. D’ailleurs, en août il a renvoyé la cheffe du bureau des statistiques qui avait osé publier de mauvais résultats sur l’emploi…
Ce même mois d’août, quand il a décidé d’envoyer la Garde républicaine à Washington, il s’est justifié en s’appuyant sur ses propres données, les plus mauvaises années, alors qu’objectivement la situation s’améliorait et que la capitale américaine ne pouvait être comparée, comme il le faisait, à Bogota, Islamabad ou Bagdad.
Cette lutte contre le crime, il la situait dans celle qu’il mène contre toutes les villes dirigées par les démocrates qu’il ne cesse de menacer s’ils ne suivent pas ses directives qui servent évidemment le pays. Il y a quelques jours, il se félicitait encore de la sécurité totale revenue à Washington où l’on pouvait, enfin, aller le soir au restaurant sans risquer sa vie…
En qualifiant, l’agresseur d’ « animal » et en ajoutant, on ne sait pourquoi, que des « centaines de milliers de Somaliens » dans le Minnesota, qui « déchirent en morceaux » cet État, Donald Trump montre une nouvelle fois que ses propos sont teintés de racisme. Une influenceuse conspirationniste proche de lui, Laura Loomer, affirme que « Nous avons bien trop de musulmans vivant en Amérique ».Rappelons aussi, comme le souligne l’agence Associated Press que « les États-Unis en général ont un taux de crimes violents plus élevé que la plupart des autres pays » à cause du nombre massif des armes à feu en circulation.
