Les pourparlers s’accélèrent mardi pour la libération d’otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, en échange d’une trêve dans le territoire palestinien où l’armée israélienne poursuit sans répit son offensive.
L’armée, qui poursuit sa progression dans le nord de la bande de Gaza, a annoncé mardi avoir encerclé le camp de réfugiés palestiniens de Jabaliya après avoir mené des frappes aériennes et des tirs d’artillerie. Ce camp qui abrite 116.000 réfugiés, le plus grand du territoire, est situé aux portes de la ville de Gaza, là où se concentre depuis plusieurs semaines l’essentiel de l’offensive israélienne. « Nous nous approchons de la conclusion d’un accord de trêve », avait déclaré plus tôt le chef en exil du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans un message en arabe envoyé par son bureau à l’AFP.
Selon des sources au sein du Hamas et du Jihad islamique, les deux mouvements ont bien accepté un accord dont les détails doivent être annoncés par le Qatar et les médiateurs. Le gouvernement israélien n’a pas réagi à ces déclarations.
Le Qatar, l’Egypte et les Etats-Unis oeuvrent à un accord pour tenter de libérer des otages enlevés en Israël par le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, lors de son attaque meurtrière du 7 octobre, en échange notamment d’une trêve dans les combats. L’armée israélienne estime qu’environ 240 otages ont été emmenés par le Hamas à Gaza. Depuis, leurs proches vivent dans l’angoisse et réclament au gouvernement des efforts accrus en vue d’une libération, tandis que le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, refuse tout cessez-le-feu sans libération des otages.
Que contient l’accord ?
La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, a rencontré lundi soir des dirigeants du Qatar ainsi que M. Haniyeh, basé dans l’émirat du Golfe, afin d’ »avancer sur les questions humanitaires liées au conflit armé en Israël et à Gaza ».
Si le CICR a assuré ne pas participer aux pourparlers, il a insisté pour que ses « équipes soient autorisées à rendre visite aux otages pour s’assurer de leur bien-être et pour leur administrer des médicaments, et afin que les otages soient en mesure de communiquer avec leurs familles ». « Nous n’avons jamais été aussi proches, nous sommes confiants. Mais il reste du travail. Rien n’est fait tant que tout n’est pas fait », a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby.
Deux sources proches du dossier ont indiqué mardi à l’AFP que les pourparlers portaient sur un accord prévoyant la libération de « 50 à 100 » otages en échange de la libération de 300 prisonniers palestiniens en Israël, incluant des enfants et des femmes. Le transfert se ferait par étape à raison de « dix » otages contre « trente » prisonniers palestiniens par jour et comprendrait l’entrée de nourriture, d’aide médicale et de carburant et surtout une « trêve humanitaire de cinq jours renouvelable ».
« Une priorité »
Mais Israël insiste sur le « regroupement familial » signifiant que si un civil était libéré, son partenaire le serait également, même s’il était soldat, ce que le Hamas refuse pour le moment, étant opposé à la libération de militaires, selon ces deux sources. Des proches des otages ont rencontré lundi soir Benjamin Netanyahu et son « cabinet de guerre ».
« Récupérer nos otages est une tâche sacrée et suprême et je m’y engage », a déclaré le Premier ministre sur le réseau social X, après cette rencontre, sans lever le voile sur les pourparlers. « Nous n’arrêterons pas les combats tant que nous n’aurons pas ramené nos otages chez eux, détruit le Hamas et veillé à ce qu’il n’y ait plus de menaces venant de Gaza », a-t-il ajouté.
« Nous voulions entendre parler d’un accord et entendre que le retour des personnes enlevées est une priorité parmi les objectifs de la guerre. Nous n’avons pas entendu cela, a déclaré Udi Goren, dont le cousin Tal Haimi est parmi les otages.
Les combats se poursuivent
L’armée a annoncé mardi que ses soldats « continuaient de combattre » dans le nord de la bande de Gaza et que des frappes aériennes et de drones avaient détruit trois entrées de tunnels « où se cachaient des terroristes » aux abords du camp de Jabaliya.
Lundi, le Hamas avait accusé Israël d’avoir frappé l’hôpital indonésien, situé en bordure de ce camp, faisant 12 morts. Le mouvement islamiste ne cesse de répéter qu’Israël mène « une guerre contre les hôpitaux » de Gaza, dont la quasi-totalité dans le nord du territoire ne fonctionne plus.
Israël, qui occupe depuis le 15 novembre l’hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, accuse de son côté le Hamas de se servir des hôpitaux à des fins militaires et d’utiliser les civils qui s’y trouvent comme des « boucliers humains », ce que le mouvement palestinien dément.
D’après l’ONU, près de 1,7 million des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre dans la bande de Gaza, soumise depuis le 9 octobre à un « siège complet » par Israël. L’aide humanitaire arrivant via l’Egypte est soumise au feu vert d’Israël et entre au compte-gouttes, en quantité insuffisante selon l’ONU. Des centaines de milliers de déplacés ont fui les combats dans le nord pour se masser dans le sud, près de la frontière avec l’Egypte.
Selon des sources hospitalières, plus d’une centaine de blessés ont été transférés dans la soirée et la nuit de l’hôpital indonésien vers le complexe Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Dans la nuit, l’agence de presse palestinienne Wafa a fait état d’une frappe israélienne ayant fait des morts et des blessés dans le camp de Nuseirat, situé dans le centre de la bande de Gaza.