Encore un entretien « franc et difficile » d’une heure entre Vladimir Poutine, Olaf Scholz et Emmanuel Macron. « Il appartient à Poutine de cesser la guerre, nous mettons sur lui la pression maximum et nous ne le lâcherons pas. Nous lui demandons des comptes » a déclaré le président français. Mais aux deux hommes qui réclamaient un cessez-le-feu, le président russe s’est contenté de leur répondre qu’ils n’ont qu’à convaincre Volodymyr Zelinsky de mettre fin à la guerre aux « violations flagrantes » du droit humanitaire commises par les forces ukrainiennes, à leurs « factions criminelles ». Vladimir Poutine ne varie pas d’un pouce, son action est juste et il a évoqué lors de cet entretien des « assassinats extrajudiciaires d’opposants », des « prises d’otages de civils » et leur « utilisation comme boucliers humains », ainsi que le « déploiement d’armes lourdes dans des zones résidentielles, à proximité d’hôpitaux, d’écoles et de jardins d’enfants », selon un communiqué du Kremlin. Il a également accusé les « bataillons nationalistes » ukrainiens de « perturber systématiquement les opérations de sauvetage et intimider les civils qui tentent d’évacuer » les zones des combats.
Mais ce sont bien les armées de Poutine qui bombardent et rebombardent plusieurs villes ukrainiennes, qui encerclent Kiev -les Ukrainiens disent Kyiv, Kiev étant le nom russe- qui auraient enlevé le maire de Melitopol, dans le sud, qui rendent la vie impossible à Marioupol. Une femme, qui a pu quitter le grand port, témoigne : « Depuis quatre jours, nous n’avions plus de communication, plus d’Internet, plus de téléphone, plus d’électricité et plus de chauffage, alors que la température atteint moins dix degrés la nuit. Les gens collectent de l’eau dans les gouttières, ils font fondre de la neige pour survivre et je sais qu’il n’y a plus de nourriture en ville, alors que les bombes continuent de tomber. Il est impossible d’appeler des secours si l’on est blessé. La seule façon de se repérer la nuit est d’écouter d’où sont lancés les missiles. »
Volodymyr Zelinsky résiste toujours et demande jour après jour une aide que les Occidentaux ne lui fourniront pas, comme des avions. Et la Russie menace de s’en prendre aux pays qui livreraient des armes. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères a prévenu : « Nous avons averti les Etats-Unis que la livraison d’armes qu’ils orchestrent depuis un certain nombre de pays n’est pas seulement un geste dangereux, c’est un acte qui fait des convois mentionnés des cibles légitimes », a averti Sergueï Riabkov dans une interview à la chaîne télévisée Pervy Kanal. Il a notamment cité les systèmes de défense aérienne portables et les systèmes de missiles antichars. Le droit international dit que celui qui livre des armes ne peut être considéré comme un belligérant, mais que le pays qui fournit des renseignements précis pour aider aux combats peut l’être. Aucun pays de l’Otan n’est dans ce dernier cas.
Une guerre de communication est également menée qui fait qu’aucune annonce, qu’elle vienne d’un côté ou de l’autre, n’est totalement fiable. Ainsi, par exemple, le bombardement d’une mosquée de Marioupol a été démenti par le président de l’Association de cette mosquée qui a évoqué simplement des bombardements dans le quartier. Pareil en ce qui concerne la faillite logistique russe. S’il y a bien des problèmes particuliers, ils ne sont pas forcément généraux.