Sur un écran géant, à Times Square, la Télévision d’Etat russe a fait la publicité d’Intervision qui se déroule ce samedi à Moscou. Cela ne passionne pas vraiment les New Yorkais ni le monde occidental mais la Russie tient à ce concours de chant né en 1965, puis disparu et ressuscité en février dernier par Vladimir Poutine.
Exclue de l’Eurovision -une victoire en 2008-, la Russie ambitionne de relancer sa version alternative destinée à accueillir la « majorité mondiale », appellation qu’elle donne au « Sud global ». Les organisateurs entendent représenter l’opposé du concours européen marqué par la décadence morale de l’Occident, « Intervidenié » doit promouvoir « l’identité nationale » et les « traditions des pays participants ». Le concours entend faire résonner la musique, « la vraie », explique la sénatrice russe Lilia Gumerova, et pas des « fausses valeurs qui sont étrangères à toutes les personnes normales ». « Je n’ai pas envie de voir des hommes aux cheveux longs chanter sur scène, avec des bas résilles ou des talons hauts », renchérit la candidate biélorusse Nastya Kravchenko.
Spectacle, Intervision est aussi conçu comme une manifestation politique, un outil géopolitique, un instrument de soft power, d’influence. Vingt-trois pays amis sont présents, dont ceux des Brics. Un seul proche manque à l’appel, la Corée du Nord, mais les Etats-Unis seront présents. Un signe des rapports ambigus que Trump entretient avec Poutine. Cependant le candidat américain, le peu connu Brandon Howard dont le « mérite » principal est d’avoir fait l’objet d’une rumeur qui en faisait le fils caché de Michael Jackson, ou de son père. Il a déclaré forfait officiellement en raison de « problèmes familiaux imprévus », mais sans doute en raison de ses liens avec les milieux LGBT… Il est remplacé par la chanteuse australienne Vassy.
La Russie est représentée par un chanteur nationaliste, Shaman, de son vrai nom Yaroslav Dronov, qui défend le pouvoir et la guerre en Ukraine. Dans « Nous », il chante :«Nous, unis par un seul ciel, C’est nous, personne ne nous vaincra jamais, Nous ne vivons pas à genoux».Pas forcément assuré du succès de leur Intervision, les organisateurs ont, rapporte MSK1.ru, média régional de Moscou, repris par Courrier International, recruté environ 1 500 figurants pour jouer les spectateurs. Étudiants, lycéens et adultes “ont été déguisés en étrangers pour faire croire à un public international”, a raconté l’un d’eux.