Maires, gouverneurs, référendum : la victoire du parti démocrate a été totale hier aux Etats-Unis avec en point culminant l’élection de Zohran Mamdani à la mairie de New York. Le jeune musulman a tout de suite lancé sa bataille pour « arrêter » Donald Trump, estimant que « le futur est entre nos mains » car « nous avons renversé une dynastie politique ». Et il enchaîne : « après tout, si quelqu’un peut montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre, c’est bien la ville qui l’a vu naître ».
Deux radicalités vont-elles s’affronter dans un pays qui va se diviser encore plus ? On pourrait le croire d’autant que Trump fera tout pour contrecarrer son nouvel ennemi et que ce dernier pousse son parti vers la gauche. Il faut souligner que les jeunes et les femmes , plus critiques du pouvoir trumpien ont beaucoup voté et que la participation a été plus forte que jamais. Ce qui marque un changement et donc, possiblement, le début d’une ère anti Trump et l’ouverture d’un débat au sein du parti démocrate. Si sa gauche a le vent en poupe grâce à Mamdani, les victoires en Virginie et dans le New Jersey sont celles de candidates modérées, centristes. Le leader du parti à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, ne pense d’ailleurs pas que le maire de New York soit « l’avenir » de son camp. Il secoue son parti mais ne fait pas l’unanimité, ne représente pas vraiment ce que l’on appelle l’Amérique profonde, celle des campagnes plus conservatrices qui ne peut se reconnaître en un musulman certes sympathique et proche du peuple mais qui, au Caire en 2013, soutenait l’islamiste Morsi, se laissait pousser la barbe comme un bon ikhwani…
De plus, il n’a pas vraiment toutes les cartes. Il a gagné mais sa victoire -50,4% des voix- n’est pas écrasante et due en partie à la faiblesse des autres candidats. Pour réussir et contrarer Trump, le nouveau maire devra faire preuve de doigté et de diplomatie. Le pouvoir de faire payer les riches afin d’appliquer son programme social est entre les mains de la gouverneure de l’Etat, la démocrate Kathy Hochul, plus centriste que lui. Cependant, candidate à sa réélection l’an prochain, elle aura besoin du soutien du maire. Un accord est donc possible qui mettrait forcément Donald Trump en difficulté.
Zohran Mamdani peut redonner espoir aux opposants, mais il ne sera jamais leur « champion » contre Trump ou le prochain candidat républicain. Né à l’étranger, en Ouganda, il n’a pas le droit de briguer la présidence.
