Il l’avait dit, il l’a fait. Nicolas Sarkozy a écrit le livre annoncé. Il sortira le 10 décembre chez Fayard, sera vendu 20,90 euros et on peut déjà le précommander. Il est très fort l’ancien président : 20 jours en prison et un livre-témoignage, « Le journal d’un prisonnier ».
Est-ce le bon titre ? Ne devrait-il pas s’intituler « journal de mes privilèges en prison ». Comment peut-il parler de la vie d’un détenu, lui qui était seul dans sa cellule, bénéficiait de quatre parloirs par semaine alors que les autres prisonniers n’en ont droit qu’à trois au maximum et que les siens, plus longs, duraient une bonne heure. Plus la visite quotidienne d’un de ses avocats. Et chacun de ses déplacements, accompagné de ses gardes du corps, bloquait tous les autres…
C’est un peu comme si après une croisière sur un catamaran de luxe, vous écriviez le journal d’un navigateur, d’un skipper… On ne sait pas ce qu’il raconte, mais son éditeur a livré quelques mots : « En prison, il n’y a rien à voir, et rien à faire. J’oublie le silence qui n’existe pas à la Santé où il y a beaucoup à entendre. Le bruit y est hélas constant. À l’image du désert, la vie intérieure se fortifie en prison ». On a du mal à croire que cela soit vrai pour ses « compagnons » de détention qui vivent dans la promiscuité et dorment sur un matelas par terre avec des rats et des cafards ? Un livre « bidon » ?
Derrière sa volonté exprimée d’être « en direct » avec les Français, Nicolas Sarkozy voit dans ce livre une opportunité de se remettre au centre de la vie politique de la droite et de « faire de l’argent », son souci permanent. L’hebdomadaire Marianne de cette semaine publie une enquête sur sa « drôle de relation avec l’argent ». Ses revenus ne cessent d’augmenter. Il a gagné 25 millions depuis son départ de l’Elysée, dont 4,5 rien qu’en 2003: 637 791 € de salaires, 152 906 € de retraite, 1 331 056 € de revenus de capitaux mobiliers (placements en Bourse) et 2 342 008 € de revenus non commerciaux. Le magazine rappelle qu’après son élection, il disait : « Je ferai deux mandats et après je ferai du fric ». Il n’en a fait qu’un, mais l’argent est rentré. En France, il y a des lois sur le cumul emploi-retraite. S’appliquent-elles à Nicolas Sarkozy ?
Mercredi, la Cour de cassation rendra sa décision dans l’affaire dite « Bygmalion » concernant le dépassement de ses dépenses électorales lors de la campagne présidentielle perdue en 2012. Près de 43 millions d’euros au lieu de 22,5. En appel, sa condamnation avait été réduite à un an d’emprisonnement, dont six mois ferme, la partie ferme pouvant faire l’objet d’un aménagement. Sarkozy pourrait retrouver le chemin de la prison Et écrire une suite ?
