Évacuations, discussions, promesses et aussi manifestations… Les occidentaux continuent les vols d’évacuations de leurs nationaux et aussi d’Afghans – 5 000 en 24 heures- à partir de l’aéroport sécurisé par les Américains et poursuivent les concertations en vue de définir une attitude commune envers le nouveau pouvoir. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan tiendront vendredi une réunion par visioconférence pour discuter de la situation en Afghanistan, a annoncé mercredi le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg. Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, très critiqué par les députés, a appelé ses homologues du G7 à organiser une réunion virtuelle dans les prochains jours pour évoquer la situation en Afghanistan. Elle sera organisée avec le président américain Joe Biden. La chancelière allemande, de son côté, a appelé les dirigeants de l’Union européenne à aider les Afghans fuyant le pays, pour ne « pas reproduire les erreurs du passé ». La principale source d’inquiétude reste le sort des femmes et des filles qui pourraient perdre tous leurs droits et se soumettre. Une journaliste afghane, qui porte le hijab, assure avoir été empêchée de travailler par les Talibans. « Le régime a changé », auraient-ils dit à Shabnam Dawran, avant de lui ordonner de rentrer chez elle.
A Jalalabad, les talibans ont tiré sur des manifestants qui brandissaient le drapeau national afghan. Au moins trois personnes ont été tuées et treize blessées. « Il y avait quelques fauteurs de troubles qui voulaient nous créer des problèmes », a dit à Reuters un taliban présent à Jalalabad au moment de l’incident. « Ces gens profitent de la souplesse de nos politiques ».
Les talibans n’ont pas seulement pris le pouvoir: la fuite du président Ghani et des soldats de son armée leur ont permis de s’emparer d’une multitude d’armes américaines. Associated Press rapporte que dans les bases abandonnées, ils ont trouvé armes à feu, munitions, véhicules en tout genre, mais aussi des avions de combat. Un responsable américain cité par AP a confirmé que la quantité d’équipement désormais dans les mains des insurgés était conséquente. Le très symbolique AK-47 russe a laissé la place aux carabines M4 et aux fusils M16.
Le site d’investigation The Intercept révèle aussi ce mercredi que les talibans ont mis la main sur un système biométrique de l’armée américaine qui permettrait d’identifier les Afghans qui aidaient les militaires américains. Le dispositif, connu sous le nom de HIIDE (Handheld Interagency Identity Detection Equipment en anglais) a été saisi la semaine dernière lors de l’offensive des talibans, selon quatre sources militaires. Une arme numérique qui pourrait s’avérer désastreuse pour ces anciens collaborateurs.
Un des porte-parole des talibans, Suhail Shaheen, a promis au micro de la BBC que les droits des femmes seraient préservés, tout comme les libertés des médias et des diplomates. » Nous assurons la population, en particulier dans la ville de Kaboul, que leurs propriétés, leurs vies sont en sécurité « . La veille, Zabihullah Mujahid, un autre porte-parole, avait expliqué : » Nous avons le droit d’agir selon nos principes religieux. D’autres pays ont différentes approches, règles et règlements… les Afghans ont le droit d’avoir leurs propres règles et règlements en accord avec leurs valeurs ».
L’ex-président afghan Ashraf Ghani qui a fui avec, sans doute, beaucoup d’argent, se trouve à Abou Dhabi, avec sa famille. Les Émirats « ont accueilli le président afghan Ashraf Ghani et sa famille pour des considérations humanitaires », a annoncé l’agence officielle WAM, citant le ministère des Affaires étrangères.
Le retrait américain qui a précipité la victoire talibane préoccupe Taïwan que la Chine ne cesse d’intimider. Un débat sur la confiance à accorder aux Etats-Unis dans la défense de l’île s’est ouvert. La présidente Tsai a exprimé ses inquiétudes ce mercredi directement dans une publication sur Facebook. « Je veux dire à tout le monde que la seule option pour Taïwan est que nous soyons plus forts, plus unis et plus fermes dans notre détermination à nous protéger nous-mêmes », écrit-elle notamment.