Nommé mercredi à la tête des forces spéciales, Sami Sadat, jeune général de 36 ans, incarnait l’espoir face aux talibans. Il résistait à Lashkar Gah et promettait la défaite à ceux qui s’opposent à la liberté. La capitale du Helmand est tombée et le « héros » profite d’un cessez-le -feu pour évacuer soldats et civils.
La lueur n’aura pas eu le temps d’éclairer avant d’être éteinte par un souffle qui se fait sentir jusqu’à Kaboul. Les talibans sont à cinquante kilomètres de la capitale où affluent des milliers de civils qui ont fui. Il faut se rendre à l’évidence: le président Ghani et ses ministres ont faussement fait croire que l’armée réorganisée allait partir en reconquête. Elle ne s’est pas battue -peut-être que les soldats ne voulaient pas mourir pour un gouvernement corrompu devenu illégitime à leurs yeux- et les Etats-Unis, les Occidentaux sont aux abois.
Washington dépêche des soldats pour sécuriser le départ du personnel diplomatique. 3000 soldats seront déployés sur l’aéroport de Kaboul. Londres fait de même et envoie 600 hommes. L’Otan s’est réunie cet après-midi en urgence avec un seul point à l’ordre du jour: l’évacuation.
La question de la résistance aux talibans ne se pose plus, remplacée par celle-ci: reddition ou bain de sang à Kaboul? Si Habitullah Akhundzada parle vraiment de paix, ce sera à ces conditions. Peut-il y avoir une résistance populaire?
La capitale ne ressemble pas aux zones rurales, sa population plus jeune n’a pas connu la féroce domination talibane, la ville s’est émancipée, « occidentalisée ». Les insurgés le savent et pourraient consentir à quelques compromis. Les Etats-Unis et l’Otan ont échoué. Les « voisins », le Pakistan, l’Iran, la Russie, la Chine peuvent encore faire pression pour éviter une catastrophe à Kaboul. Difficile de continuer à entrevoir de l’espoir mais la victoire des « étudiants » ne sera jamais totale.
Il y a des hommes comme Ahmad Massoud, le fils du lion du Panshir assassiné en septembre 2001 par deux terroristes islamistes tunisiens, qui ne se coucheront pas devant la violence talibane. Il souhaite dialoguer avec eux, avec le Pakistan mais il est aussi prêt à résister, à créer des alliances pour arriver à son but : Un gouvernement inclusif issu d’élections libres et transparentes. Une décentralisation à la suisse. Un État de droit qui empêche tout transfert de pouvoir par la force, au niveau local comme au niveau fédéral.