Depuis 2017, 886 000 km2 ont été autorisés pour de nouvelles explorations pétrolières et gazières en Afrique. Une superficie plus grande que celles de la France et de l’Italie réunies. C’est ce que révèle un nouveau rapport, publié mardi 15 novembre, par Urgewald, Stop EACOP, Oilwatch Africa, Africa Coal Network et 33 autres ONG africaines. Les auteurs identifient ainsi 200 entreprises qui explorent ou développent de nouvelles réserves et infrastructures de combustibles fossiles telles que des terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL), des pipelines ou des centrales électriques au gaz et au charbon dans 48 des 55 pays africains.
Les dépenses totales pour l’exploration pétrolière et gazière en Afrique sont passées de 3,4 milliards de dollars en 2020 à 5,1 milliards de dollars en 2022. Mais les entreprises africaines représentaient moins d’un tiers de cette somme. La majeure partie de l’exploration de nouvelles ressources pétrolières et gazières en Afrique est ainsi réalisée et financée par des sociétés étrangères. De même, si de nouveaux terminaux GNL vont voir le jour, augmentant de 116 % la capacité actuelle des terminaux GNL en Afrique, plus de 97% d’entre eux sont construits pour l’exportation, principalement vers l’Europe et l’Asie.
« La dépendance aux combustibles fossiles de l’Europe est un moteur majeur derrière les nouveaux projets de GNL en Afrique. La ruée vers le pétrole et le gaz de l’Afrique n’a rien à voir avec l’amélioration de l’accès à l’énergie pour les Africains », déplore Anabela Lemos, directrice des Amis de la Terre Mozambique. Pour rappel, en Afrique, 600 millions de personnes sont toujours privées d’électricité. « Les combustibles fossiles sont à l’origine de la crise climatique et l’Afrique est plus durement touchée par cette crise que tout autre continent. Pourtant, 200 entreprises charbonnières, pétrolières et gazières inondent le continent de projets d’énergie sale totalement incompatibles avec les objectifs climatiques de Paris et la limite de 1,5°C », s’insurge Omar Elmawi de la campagne Stop EACOP.
À l’inverse, le développement des énergies renouvelables sur le continent est à la traîne.
Parmi ces 200 entreprises, c’est le Français TotalEnergies qui arrive en tête et qui décroche le titre de plus grand développeur de nouvelles ressources pétrolières et gazières en Afrique, loin devant l’Algérien Sonatrach et l’Italien Eni. La major tire déjà 25% de sa production d’hydrocarbures d’Afrique et vise à ajouter 2,27 milliards de barils équivalent pétrole à son portefeuille à court terme. L’extraction et la combustion de ces nouvelles ressources équivaudraient à trois années d’émissions annuelles de gaz à effet de serre de la France.