Bien avant que le sommet arable ne s’ouvre, la presse algérienne parlait de réussite totale qui soulignait la grandeur du pays qui savait organiser et accueillir. Peu importe la qualité des absents qui traduisait des désaccords pas toujours cachés, le sommet allait prouver au monde arabe, et au-delà, l’excellence algérienne.
A l’issue des débats, Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères, se félicitait d’un succès « algérien, arabe et international ». Interrogé par la presse, le président Tebboune lançait un « vive l’Algérie », repris par les journalistes.
Certes, le sommet s’est déroulé sans heurts et la « déclaration d’Alger » fait l’unanimité des participants. Rien n’y a été oublié et l’on y trouve même un « soutien au royaume du Maroc qui accueillera le 9e Forum mondial de l’Alliance des civilisations des Nations unies, les 22 et 23 novembre dans la ville de Fès. » Pourtant, si on la lit avec attention, on ne peut que constater qu’elle s’arrête à des principes généraux énoncés déjà plusieurs fois et qu’elle ne fait aucune part à l’actualité.
Avant la réunion, le Premier ministre algérien indiquait qu’il fallait mettre à jour » l’initiative arabe de paix de 2002. La déclaration se contente de réaffirmer son engagement au texte alors qu’en vingt ans la situation a changé, notamment avec les accords d’Abraham et que Netanyahou risque de revenir au pouvoir avec l’extrême droite farouchement anti arabe.
La déclaration mentionne la «Conférence d’unification des rangs pour l’unité nationale palestinienne», tenue à Alger du 11 au 13 octobre 2022 mais passe sous silence la reconstitution de « l’axe de la résistance » Syrie-Iran-Hezbollah-Hamas qui rend illusoire toute union palestinienne rapide. Et la Syrie n’est pas réintégrée au sein de la Ligue arabe, contrairement aux espérances de l’Algérie. Soutien marqué au gouvernement du Yémen, mais sans un mot sur l’Iran. Pas question à Alger qui a bien reçu le message de Poutine de critiquer Moscou et son allié. Mêmes généralités, hors de l’actualité, en ce qui concerne la Libye, l’Irak ou le Liban. A propos aussi de l’intégration économique qu’il faut développer. La « brouille » entre l’Algérie et le Maroc coûte extrêmement cher aux deux pays et empêche un rapprochement maghrébin.
Beaucoup de mots, de belles intentions, de projets. Peu de concret. A l’instar du discours du président tunisien, rempli de « yakafokon », d’appels au dialogue et à l’union, vertus qu’il ne pratique pas chez lui.
Le sommet arabe n’est pas le « flop » que certains ont voulu voir, mais les promesses annoncées n’ont pas été tenues. Alger ne rayonne pas sur le monde arabe, n’est pas un « exemple » comme le proclamait sa presse.