La violence au sein des campus universitaires a poussé un groupe d’universitaires algériens à éditer un ouvrage collectif pour attirer l’attention sur les fléaux qui rongent l’université algérienne : L’Université désacralisée, recul de l’éthique et explosion de la violence.
Coordonné par trois enseignantes émérites, la politologue Louisa Dris-Aït Hamadouche, la sociologue Fatma Oussedik et la linguiste Khaoula Taleb Ibrahimi, cet ouvrage dresse un diagnostic implacable qui met le doigt sur la plaie : violences, passe-droits, complaisance et recrutements basés sur des critères d’allégeance et non de compétence.
Certaines contributions, écrites en français et en arabe, tentent de décrypter des phénomènes comme l’exil des professeurs et leur perte de toute motivation jusqu’à devenir de « simples fonctionnaires ».
Contacté par Middle East Eye, Brahim Khaled, professeur de sociologie à l’université d’Alger et chercheur au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD) retient « trois catégories d’enseignants : l’universitaire fonctionnaire, le carriériste opportuniste et l’universitaire ‘’de vocation’’. Cette dernière catégorie est poussée à l’exil par le climat instable qui règne au sein de l’université », précise-t-il. Le conflit entre cette catégorie d’universitaires et l’administration est une des causes qui poussent les enseignants à « la fonctionnarisation » ou à l’exil.
Le cas de Azzouz Lahcen est emblématique. Ce professeur de lettres arabes à l’université de Biskra (Sud-Est) a été licencié pour « avoir dénoncé les dérives » de sa faculté, selon son avocat et de nombreux autres témoignages.
Il a entamé, début août, une grève de la faim pour réclamer sa réintégration en attendant d’être auditionné par une commission de discipline. Le 13 septembre, le syndicat des enseignants de l’enseignement supérieur a annoncé dans un communiqué avoir abordé la question avec le nouveau ministre qui s’est engagé à « trouver une solution ».