Aujourd’hui, la fête de l’indépendance ne sera pas forcément célébrée dans la joie. Bien sûr, le président Tebboune pourra affirmer qu’un nouveau gouvernement va mettre en œuvre son programme de redressement du pays et quelques caciques pourront à nouveau – c’est à la mode – accuser la France de tous leurs déboires. Cela n’empêchera pas que la seule question d’importance est de savoir si le nouveau Premier ministre Aïmene Benabderrahmane réussira à sauver l’économie. Sa carrière -diplômé de l’École nationale d’administration d’Alger (ENA) et de l’École nationale des finances publiques de Clermont-Ferrand, gouverneur de la Banque centrale, ministre des Finances- ferait de lui l’homme de la situation si les défis à relever n’étaient pas si grands. Certains parlent de nouveaux travaux d’Hercule et une partie de la presse prédit déjà son échec. Pays prospère au temps du pétrole cher, ce pays rentier à la bureaucratie envahissante et dominatrice n’a pas cherché à se diversifier et gère à la petite semaine… Pays d’une jeunesse impatiente mais désabusée gouverné par des vieux qui ne songent qu’à durer, qu’à perpétuer un système mis en place par eux et pour eux, l’Algérie est en plein marasme avec une population désemparée, en attente. Le chômage, à 15%, est en hausse, le dinar en chute libre, les réserves de change au plus bas -42 milliards de dollars contre 195 en 2014, la moitié des entreprises privées au bord de la faillite et le seul souci des autorités semble être le maintien de l’ordre, l’emprisonnement des têtes qui dépassent, le renforcement d’un système de plus en plus contesté et à bout de souffle.
Si Aïmene Benabderrahmane a le profil et les capacités, en aurait-il la possibilité? On peut en douter. Le pouvoir veut garder ses mains libres et d’ailleurs qui détient ce pouvoir? Sans doute l’armée du général Gaïd Chengriha plus que le président Abdelmajid Tebboune élu par la volonté de ces militaires qui possèdent contre lui un lourd dossier de corruption, pourtant en leur faveur. L’armée qui possède des intérêts dans de nombreux secteurs de l’économie -du ciment à l’agriculture- assortis de privilèges fiscaux, le laissera-t-il remettre cette économie à plat pour la réformer de fond en comble et lui donner des perspectives?
L’objectif avancé est de répondre à l’urgence socio-économique. Oui, mais il faudrait mettre fin à ces deux Algéries, celle des privilégiés et celle des autres, du peuple.