La cinéaste française Alice Diop a fait un doublé samedi à Venise en remportant le Grand Prix du Jury et le prix du premier film pour sa première fiction, « Saint Omer », inspiré d’un fait divers et du procès qui a suivi.
« Je n’ai plus les mots », a déclaré la cinéaste, très émue, en recevant son prix et en mettant en avant son combat féministe, en particulier celui « des femmes de couleur » : « Le silence ne nous protègera pas. Nous ne nous tairons plus », a-t-elle promis.
Inspiré d’une histoire vraie de procès pour infanticide, « Saint-Omer » cherche à explorer « la grande question universelle » de notre « rapport à la maternité ».
La réalisatrice jusqu’ici spécialisée dans le documentaire, César 2017 pour son court-métrage « Vers la tendresse », a confié à l’AFP pendant le festival avoir utilisé « un fait divers d’apparence sordide pour aller questionner quelque chose de beaucoup plus vaste, qui est le rapport que toutes les femmes et tous les hommes ont avec la maternité ».
Laurence Coly, la protagoniste du film interprétée par Guslagie Malanda, est une immigrée sénégalaise accusée d’avoir tué son bébé de 15 mois en l’abandonnant sur une plage du nord de la France, à marée montante.
Le film se concentre sur le procès, auquel Alice Diop a assisté. « J’ai été obsédée par cette histoire dès le départ (…) j’ai vraiment été très bouleversée, sidérée, traversée par beaucoup de choses assez intimes sur mon rapport à la maternité », a-t-elle confié.
Colin Farrell a remporté le prix d’interprétation masculine et Cate Blanchett a été couronnée meilleure actrice. L’Iranien Jafar Panahi, actuellement en prison, a reçu le prix spécial du jury.