Derrière un discours réformiste, une répression sanglante : les exécutions en Arabie saoudite ont presque doublé sous le règne du roi Salmane et de son fils Mohammed, dirigeant de facto du royaume. C’est le sombre constat dressé dans un rapport par deux organisations de défense des droits humains, qui évoquent aussi des cas de tortures perpétrées par le régime, l’un de ceux ayant le plus recours à la peine capitale dans le monde.
Le nombre d’exécutions dans la monarchie du Golfe est passé de 70,8 par an en moyenne entre 2010 et 2014, à 129,5 par an depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel roi en 2015, indique ce document publié mardi 30 janvier par l’organisation britannique Reprieve et l’Organisation saoudienne européenne pour les droits de l’homme (European Saudi Organization for Human Rights – ESOHR). Au total, le pouvoir actuel a appliqué plus de 1000 condamnations à mort, selon ces ONG, qui affirment avoir recoupé les chiffres officiels avec des enquêtes et des entretiens menés avec des avocats, des membres des familles et des militants.
Le rapport fait état de 147 exécutions l’année dernière, un bilan conforme au décompte réalisé par l’AFP à partir des annonces du gouvernement. En mars dernier, l’Arabie saoudite a annoncé l’exécution de 81 personnes en une seule journée, pour des crimes liés au terrorisme, suscitant un tollé international.
Le royaume ultraconservateur a pourtant connu ces dernières années d’importantes réformes sous l’impulsion du prince héritier Mohammed ben Salmane, notamment sur le volet des droits des femmes. Mais ces réformes se sont accompagnées d’une répression implacable de toute dissidence politique, selon les militants des droits de l’homme.