L’équivalent de deux millions de dollars de médicaments contre le cancer ont mystérieusement disparu des réserves du ministère de la Santé. Des traitements onéreux, souvent volés et revendus sur le marché noir. « On peut trouver les médicaments en Turquie ou d’autres pays, mais le prix est horrible », constate Marwan, le fils d’un malade, qui évoque des prix de « 3 000 dollars par séance ». « On les cherche par des intermédiaires, on n’est pas sûr que ce sont les vrais. C’est un médicament qui va signifier la vie ou la mort de mon père. »
Les patients se retrouvent souvent démunis et la plupart doivent se procurer eux-mêmes leurs médicaments. Mais de plus en plus de malades n’ont plus les moyens de se soigner. « Ils vont arrêter le médicament et le cancer va très probablement revenir, se désole le docteur Fadi Karak. On peut améliorer les chances de survie des patients, leur qualité de vie, et on est obligés, pour des problèmes économiques, de corruption dans ce pays, d’arrêter ces médicaments. C’est très frustrant. »
Les médecins ne peuvent que constater la pénurie. « On sait qu’il y a cette rupture d’importation et en plus, la corruption continue au ministère de la Santé avec des trafiquants qui continuent à faire leurs bénéfices au prix des malades », s’agace le professeur Kattan. Des malades qui, pour beaucoup d’entre eux, ne prennent même plus la peine de venir à l’hôpital, selon ce médecin.
Au manque de médicaments s’ajoute les problèmes liés aux assurances de santé libanaises, qui ne prennent presque plus rien en charge. Dans un pays qui s’enfonce dans une crise économique sans fin, se soigner devient un luxe que seule une infime minorité peut encore s’offrir.