Des milliers de déplacés alaouites se sont réfugiés dans la base aérienne russe de Hmeïmim sur la côte syrienne après les massacres qui ont coûté la ville à plus de 1.000 civils dans l’ouest du pays, a indiqué mardi une ONG.
« Des milliers de civils alaouites ont fui les massacres dans la ville de Jablé et ses villages environnants pour se réfugier à l’intérieur et autour de la base militaire de Hmeïmim », a indiqué à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
L’OSDH a fait état de 1.225 civils, essentiellement alaouites, tués depuis le 6 mars en marge d’affrontements dans l’ouest du pays entre les forces de sécurité syrienne, leurs alliés, et des hommes fidèles au président déchu Bachar al-Assad, issu de la minorité musulmane alaouite.
L’ONG rapporte que certains déplacés, qui ont afflué dès vendredi, refusent de rentrer chez eux de peur d’être la cible de nouvelles exactions ou parce que leur maison a été détruite.
Selon l’OSDH, ils font face à une pénurie critique de nourriture, de biens essentiels et de matériel médical.
D’autres familles « sont encore cachées dans les montagnes et les forêts », ajoute la même source.
A l’entrée de la base, un journaliste de l’AFP a aperçu un convoi du Croissant-Rouge syrien composé d’au moins cinq véhicules, et trois blessés, dont deux femmes, être évacués.
Certains déplacés manifestaient devant la base, réclamant une protection internationale et brandissant des pancartes en scandant « Russie, Russie », a indiqué le journaliste.
« Nous sommes venus aujourd’hui avec une délégation de Lattaquié (…) afin de leur faire savoir que la situation à l’extérieur est maintenant sûre, car les forces de sécurité ont commencé à se déployer et à consolider leur contrôle », a déclaré à l’AFP le maire de Jablé, Amjad Sultan, devant la base.
« Nous avons transporté certains des blessés, ils sont maintenant dans les ambulances. Nous allons également oeuvrer à évacuer les familles une par une », a-t-il poursuivi, ajoutant que des « besoins essentiels et une protection leur seraient fournis ».
Ces violences menacent la stabilité du pays, engagé dans une transition déjà fragile depuis l’arrivée au pouvoir le 8 décembre d’une coalition dominée par des islamistes radicaux.
La Russie, qui était un allié de Bachar al-Assad, tente depuis de nouer des contacts avec la nouvelle administration à Damas dans l’espoir de garder le contrôle et l’utilisation de sa base aérienne à Hmeïmim et son installation navale à Tartous, le long de la Méditerranée, cruciales pour ses opérations militaires dans la région.