Pendant des années, l’ancien directeur de cabinet Mouammar Kadhafi, Bachir Saleh, a maintenu qu’il n’était au courant de rien. Questionné par Vanity Fair sur un financement libyen en faveur de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, il avait même parlé d’« une histoire inventée ». Il n’avait confirmé le financement qu’une seule fois, des années plus tard et bien involontairement, en marge d’une interview pour l’émission « Cash Investigation » (France 2), filmée en caméra cachée.
Réfugié à Dubaï, après avoir survécu à une mystérieuse attaque à main armée en Afrique du Sud, Bachir Saleh a été entendu par des juges libyens. Et, cette fois, rapporte Mediapart, il a confirmé avoir été informé de la demande personnelle d’un soutien financier de Nicolas Sarkozy à Mouammar Kadhafi, même s’il refuse toujours de s’auto-incriminer dans la corruption présumée.
Lors d’un déplacement à Tripoli, en juin dernier, la juge d’instruction Aude Buresi, accompagnée d’un commandant de police de l’Office anticorruption de la police judiciaire et d’un vice-procureur financier, a obtenu le résumé de l’audition de Bachir Saleh, à Dubaï, en 2019, ainsi que celle d’Ahmed Ramadan, ancien secrétaire de Kadhafi, qui a détaillé les processus de déblocage des sommes par l’État libyen en faveur du candidat de l’UMP à la présidentielle.
Un vice-procureur libyen, Omar Askilih, déjà chargé en 2017 des interrogatoires de l’ancien premier ministre Baghdadi al-Mahmoudi et de l’ancien chef des services secrets militaires Abdallah Senoussi, a reçu les Français pour les informer des suites des investigations engagées par Tripoli et leur confirmer que l’État libyen se portait partie civile dans le dossier judiciaire français.
L’ancien directeur de cabinet de Kadhafi a indiqué, comme plusieurs témoins avant lui, que la demande d’aide de Nicolas Sarkozy à Kadhafi avait bien été formulée lors de sa visite éclair officielle en tant que ministre de l’intérieur, à Tripoli, le 6 octobre 2005, tout en assurant ne pas savoir « comment cette aide a été versée ».