Un homme de 37 ans a été incarcéré cette semaine en Belgique pour le meurtre de son ancienne institutrice, seize mois après les faits. Le 10 novembre 2020, Maria Verlinden était retrouvée chez elle à Herentals, dans le nord du pays, dans une mare de sang. Son corps portait la marque de 101 coups de couteau. Rien ne manquait dans la maison, pas même le porte-monnaie posé sur une table. Après avoir écarté la piste d’un conflit familial et d’un crime crapuleux, la police belge avait dans le dossier trois éléments : une trace de sang inconnu, un morceau de gant en latex bleu et l’empreinte de semelle d’une chaussure orthopédique.
La comparaison avec 435 prélèvements d’ADN de profils connus de la justice n’avait rien donné, pas plus que les témoignages recueillis après la diffusion d’émissions spéciales à la télévision. Ces derniers mois, les enquêteurs avaient convoqué une centaine de personnes liées à « juf Mieke », « prof Mieke » en flamand. En tant qu’ancien élève, Gunter Uwents comptait dans la liste mais l’Anversois avait prétexté une contamination au Covid pour manquer le rendez-vous. Une nouvelle convocation devait lui être envoyée. Sachant qu’il allait être confondu, le jeune homme a fini par se livrer à un ami qui a prévenu la police. Il a été interpellé sans heurt dimanche après-midi. « Mon client a tenu à tout raconter de la manière la plus détaillée possible parce qu’il estime que la famille de la victime a droit à des réponses », a expliqué son avocat, Ben Crosiers, mardi après-midi après une audition de près de trois heures par une juge d’instruction de Turnhout. « Il regrette beaucoup et a du mal mentalement. Il est très ému, non seulement à cause des faits, mais aussi parce qu’il se rend compte qu’il a causé beaucoup de peine à la famille de Mieke », a-t-il dit.
En 1991-1992, Gunter Uwents, âgé de 7 à 8 ans, était en deuxième année à l’école primaire Klavertje à Noorderwijk, dans la classe de Mieke. Il aurait très mal vécu cette scolarité en raison du comportement de l’institutrice à son égard. Elle aurait tenu à son égard des propos jugés humiliants. « Cela appartient au secret de l’instruction », s’est borné à dire son avocat, évoquant tout de même un « incident » cette année-là, « car après, mon client n’a plus eu aucun contact avec la victime ». L’enquête doit corroborer ces dires. Interrogés par le quotidien néerlandophone Het Laatste Nieuws, trois camarades de classe de l’époque ont dit n’avoir pas de souvenir d’un événement traumatisant qui aurait pu affecter Gunter Uwents. Mais ils ont raconté que leur ancienne institutrice pouvait parfois se montrer brusque, au point que certains rentraient régulièrement chez eux en pleurs.