Jour après jour, le nombre des morts augmente dramatiquement à Gaza et les pays occidentaux, qui mettaient en avant le droit d’Israël à se défendre après une attaque terroriste barbare, haussent le ton à l’égard de l’Etat hébreu. « Intolérable », « abominable », « cela doit cesser ». Les mots sont forts et portent également sur la Cisjordanie et le Liban.
Que valent-ils en réalité ? Joe Biden qui n’a jamais apprécié Benjamin Netanyahou qu’il connaît depuis des dizaines d’années, le traite de « connard » ingérable qui n’écoute rien. Certes, « Bibi » est totalement sourd et imperméable aux critiques d’où qu’elles viennent. « J’irai jusqu’à la victoire finale » répète-t-il et son ministre de la Défense en rajoute : « nous pouvons attaquer à Beyrouth ». Le Premier ministre de l’Etat hébreu refuse d’envoyer des négociateurs au Caire et promet seulement que son attaque massive sur Rafah ne sera déclenchée qu’ « après le départ des civils ». Là aussi Yoav Gallant en rajoute cyniquement en disant vouloir un accord pour « ramener en toute sécurité les habitants du nord chez eux ». Quel chez eux ? Tsahal a déjà tout détruit !
Netanyahou le sait : pour lui, c’est la guerre à outrance ou la chute, la prison. Il sait aussi que les Etats-Unis ne lâcheront jamais son pays. La colère de Biden est réelle, mais ne se traduira pas par une suspension de la livraison des armes et munitions indispensables à la guerre, ni même par une demande d’arrêt des représailles. Pas question de prendre les décisions qui pourraient mettre fin à « l’abominable » mais nuiraient à sa campagne de réélection face à Trump.
Au fond, la position définie au Vatican par le cardinal Pietro Carolin résume celle de Washington et de la majorité des capitales européennes : qualifiant l’opération israélienne de « carnage », il « demande que le droit à la défense d’Israël, invoqué pour justifier cette opération, soit proportionné, ce qui n’est certainement pas le cas avec 30 000 morts ».
Peut-on traduire par : vous pouvez tuer les méchants, mais là vous exagérez, ce n’est pas bien. Le feu est passé du vert à l’orange. Pas au rouge.