Fin de mission le 31 août avec le retrait total, mais pas « mission accomplie ». Pourtant Joe Biden affirme que les objectifs ont été atteints : mettre la main sur les terroristes qui nous ont attaqué le 11 septembre, éliminer Oussama Ben Laden et faire reculer la menace terroriste pour que l’Afghanistan ne soit plus une base d’où conduire des attaques contre les Etats-Unis ». Des affirmations rapides et contestables. Une vision quelque peu égoïste. L’Afghanistan n’est-il pas plutôt revenu à la case départ? Avec une incertitude dangereuse, un avenir qui peut inquiéter toute la région et bien sûr les Afghans et surtout les Afghanes. Les talibans se comportent vis-à-vis d’elles exactement comme il y a vingt-cinq ans et l’on ne peut que craindre un terrible retour en arrière. Ils affirment contrôler 85% du territoire, la principale frontière avec l’Iran et un poste vers le Turkménistan et disent qu’ils n’ont jamais promis de ne pas attaquer les capitales provinciales.
Les Etats-Unis en imposant des négociations visaient un accord entre les dirigeants de Kaboul et le talibans, des élections ouvertes. Ils voulaient aussi la disparition du pays de Daech qui y est, semble-t-il, bien installé. Un échec et Biden avoue que « la probabilité qu’il n’y aura qu’un gouvernement uni en Afghanistan contrôlant tout le pays est hautement invraisemblable« . Cependant, il juge « pas inévitable » que le pays tombe aux mains des talibans car l’armée afghane compte, dit-il, 300 000 hommes bien équipés selon lui face à 75 000 rebelles. A-t-il les yeux ouverts sur ce qui se passe, sur les soldats afghans qui fuient?
Joe Biden reconnaît que les femmes afghanes ont de bonnes raisons d’avoir peur, mais il affirme que les Américains ne sont pas responsables des morts qui pourront survenir après leur départ: « Non. Non, non, non. C’est aux Afghans de décider quel gouvernement ils veulent« . Se lave-t-il les mains de l’Afghanistan où l’ Amérique est trop restée? Tout paraît écrit mais ne l’est pas forcément. L’avenir dépendra aussi de l’aide que Washington continuera à apporter à l’armé de Kaboul, de l’attitude du Pakistan très lié aux talibans, de l’Iran qui tente une médiation après ce que Téhéran voit comme un échec occidental et veut obtenir des garanties de la part des talibans. Dont celle de lutter contre l’Etat islamique dont la montée lui fait peur.