Rien ne s’est passé comme prévu. Dimanche matin, quand les électeurs ont commencé à voter, le président sortant était donné quinze points derrière le candidat de la gauche promis à la victoire dès le premier tour. Le soir, Lula était contraint au second tour par un Jair Bolsonaro qui ne lui rendait que cinq points. Les sondeurs se sont plantés et les machines à voter, tant critiquées par le président d’extrême droite, ont bien fonctionné.
Jair Bolsonaro est toujours là et veut croire qu’il ne sera pas obligé de déménager du palais du Planalto au soir du 30 octobre. Les chiffres annoncent sa défaite, mais il est dans une bonne dynamique et il y a eu ce dimanche un véritable élan en sa faveur. Si Lula est en tête, le bolsonarisme a gagné. Avec 14 sièges conquis contre 8 pour le parti des travailleurs, le parti libéral du chef de l’Etat devient le premier parti au Sénat. Les ultraconservateurs remportent aussi la victoire à la chambre des députés, même si les partis du centre dominent une assemblée qui compte une vingtaine de partis. Des signes ne trompent pas : le juge Sergio Moro qui a envoyé Lula en prison -il a toutefois rompu avec Bolsonaro- est élu au Sénat tout comme des anciens ministres ultraconservateurs et l’ancien footballeur Romario.
Ce mois d’octobre risque d’être tendu, troublé par des manifestations, animé avec des accusations qui fuseront de partout, des fake news lancées par les Bolsonaristes ultra présents sur les réseaux sociaux que Lula ne maîtrise pas vraiment. L’ancien président, lui, sera surtout actif en coulisses. Habile négociateur, prompt à tout promettre à tout le monde, il veut construire son « arche de Noé » dans laquelle tout le monde aura sa place. Il lui manque trois millions de voix pour retrouver le Planalto, des voix que peuvent lui apporter les électeurs de centre droit et de centre gauche de Simone Tebet et Ciro Gomes qui à eux deux ont récolté plus de 8 millions de voix. Des contacts sont déjà noués.
Il faut également compter avec les abstentionnistes : seuls 118 millions d’électeurs ont voté sur les 156 appelés aux urnes. Voteront-ils à la fin du mois, de quel côté voteront-ils ? « Nous avons vaincu les mensonges » des sondages s’est félicité le président sortant qui va jouer à fond « la deuxième mi-temps ». L’ancien qui veut être le nouveau préfère parler de « prolongation ». Reconnaîtrait-il que le deux prétendants sont finalement à égalité ? Les amateurs de foot, et les Brésiliens en font partie, le savent : tout peut arriver au cours des prolongations qui voient les joueurs se donner à fond…