Le 31 octobre dernier, Paris s’est réveillée sur des étoiles de David bleues taguées sur les murs de plusieurs arrondissements de la capitale française. A la suite de cet jugé sur le coup comme antisémite, les condamnations des politiques français ont été immédiates et les déclarations dans les médias, hostiles vis à vis des musulmans de France aussi. On notera notamment l' »antisémitisme couscous » du journaliste et chef d’entreprise Pascal Perri, qui anime une quotidienne économique sur la chaine d’informations LCI.
« Plus récemment, pardon de l’exprimer de manière peut-être un peu brutale, mais il y a un ‘antisémitisme couscous’, qui est lié au fait qu’il y a un conflit historique entre les Juifs, depuis la création de l’État d’Israël en 48 et aujourd’hui » a déclaré, le jour de la découverte des tags, le chroniqueur, qui par ailleurs, s’est excusé sur les réseaux sociaux.
Toutefois, suite à l’ouverture d’une enquête, il serait question d’une ingérence étrangère.
Bon Samaritain
En effet, une enquête, menée par la sûreté territoriale de Paris, pointe depuis plusieurs jours vers la Moldavie, après l’arrestation d’un premier couple de ressortissants moldaves, en situation irrégulière. Selon le Monde, reprenant les informations d’Europe 1, les auteurs des graffitis auraient agi contre rétribution, et à la demande d’un certain Anatoli Prizenko, homme d’affaires moldave, ancien proche du Parti des socialistes de la République de Moldavie (PSRM), une organisation pro-Moscou et eurosceptique.
Le journal Libération à contacté le commanditaire présumé de cette action, Anatoli Prizenko, qui a assumé avoir joué un rôle dans l’opération. Mais l’homme, qui avait visiblement une défense toute prête, assure qu’elle n’a rien d’antisémite, et promet même une prochaine conférence de presse à Paris pour en expliciter la démarche : «L’action n’avait pas pour but d’offenser ou de blesser négativement les sentiments de qui que ce soit, et encore moins de les effrayer. Elle était pacifique. De plus, les étoiles ont été peintes avec une peinture spéciale lavable, ce qui exclut tout dommage aux biens. Dans le contexte des attentats et de l’antisémitisme en Europe, l’action avait pour seul but d’inspirer et de soutenir les Juifs d’Europe, de leur rappeler l’histoire du peuple juif. Et que Dieu les protège toujours !»
Cependant la véracité de ses propos est mise en doute par Libération en raison de son silence et également de sa production sur les réseaux sociaux.
Des publications douteuses
En épluchant la production d’Anatoli Prizenko sur les réseaux sociaux, aucun soutien explicite aux Juifs. A contrario, en 2014, l’homme avait relayé une publication antisémite concernant plusieurs personnalités ukrainiennes. Le 28 mars 2014, il partageait ainsi un texte, rédigé en russe par un certain Aristarkh Rabinovitch, soulignant l’origine juive de plusieurs hommes et femmes politiques ukrainiens. Un texte ouvertement antisémite affirmant que «les Juifs sont en première ligne du coup d’Etat nazi et de la destruction de l’Ukraine». L’Etat d’Israël y est qualifié de «colonie des Etats-Unis».
Si rien ne permet, à ce stade, de parler des étoiles bleues sur les murs parisiens comme d’une opération antisémite, les enquêteurs travaillent surtout sur une autre piste, celle d’une tentative de déstabilisation ayant pour cible la France. Dans son article, le Monde apporte des éléments dans ce sens. Selon l’enquête du quotidien, l’opération a été exploitée par le réseau Doppelgänger, également appelé RRN (pour Reliable Recent News : «nouvelles récentes fiables»), identifié comme un outil russe de désinformation et de déstabilisation. Selon le Monde, de très nombreux comptes X (anciennement Twitter) et Facebook liés à Doppelgänger ont diffusé à grande échelle, à partir du 28 octobre, deux photos des fameux pochoirs, ainsi que des articles insistant sur le caractère antisémite des tags.
Antisémitisme en France
Si on espère le même engagement de la classe politique en France à combattre la stigmatisation systématique des maghrébins antisémites. Il faut en rappeler, que la montée de la haine envers la communauté juive est réelle en France.
Agressions verbales, et parfois physiques : selon le ministre de l’Intérieur français, Gerald Darmanin, interpellé à deux reprises lors de le nombre d’actes antisémites recensés depuis les attaques sanglantes du 7 octobre atteint désormais 1 159.
Selon les derniers chiffres communiqués par le ministre, ces faits ont débouché sur 518 interpellations. S’agissant de la haine en ligne, 7 726 signalements ont été déposés sur la plateforme Pharos. 296 personnes ont été identifiées. Le ministre de l’Intérieur a insisté sur la moyenne d’âge « très jeune » des personnes identifiées par les autorités, « souvent des mineurs ».
Gérald Darmanin a fait savoir que ce type d’acte entraînerait le retrait « systématique » du titre de séjour pour les étrangers. 120 personnes qui n’étaient pas françaises, dont une quarantaine en situation irrégulière et 3 fichés S, ont été identifiées, selon le ministre. Une quarantaine est actuellement en centre de rétention administrative et en attente d’expulsion.