Alors que la Tunisie est au cœur de la crise migratoire, que la Méditerranée est un cimetière marin, l’équipe de Tunisie-direct vous présente l’homme qui a mené un combat au péril de sa liberté.
Mère assistante maternelle, père représentant en produits d’entretien : Cedric Herrou grandit dans un quartier populaire de Nice, l’Ariane. A la maison, ses parents sont famille d’accueil ; son frère et lui partagent leurs jouets avec des gosses délaissés de l’Aide sociale à l’Enfance. Leurs rêves aussi… Bac mécano en poche, il fuit la Riviera pour réaliser le sien : « Une cabane, un arbre, des animaux. » A Breil-sur-Roya, il jette son dévolu sur une oliveraie abandonnée. Il a 25 ans, le voici oléiculteur.
Un matin, il prend en stop une famille africaine, la dépose à la gare. « Quand la police les a ramenés en Italie, je me suis senti responsable. » Nous sommes en 2015, la vallée, située à la frontière italienne, redevient un point de passage sur les routes migratoires. Il repart les chercher à Vintimille, dans l’église Sant’Antonio où s’entassent des centaines d’autres réfugiés à la merci des proxénètes et des passeurs.
Un an plus tard, le barbu aux lunettes rondes est arrêté à la frontière. A l’arrière de son van, huit candidats à l’asile. « Rappelons-nous que la fraternité est une devise française », clame-t-il. A Nice, le procureur lui prête des intentions humanitaires. Il est relâché, puis de nouveau arrêté à l’automne. Cette fois, il a relogé une cinquantaine d’Erythréens et de Soudanais dans un immense édifice mussolinien désaffecté : la gare SNCF de Saint-Dalmas-de-Tende.
Poursuivi pour avoir convoyé des migrants venus d’Italie et organisé un camp d’accueil en 2016 dans les Alpes-Maritimes, Cédric Herrou a bataillé quatre ans devant les tribunaux pour faire » reconnaitre le principe de Fraternité » . La cour de Cassation a finalement rejeté en mars dernier, un pourvoi du parquet général de Lyon, rendant ainsi définitive la relaxe du militant. « La solidarité n’est plus un délit », se réjouit l’agriculteur de 41 ans, dont J. M. G. Le Clézio saluait l’action à l’automne 2020 : « Herrou est un héros quotidien, comme l’a été en son temps l’abbé Pierre. »