Les décisions de la Cour internationale de justice résonnent comme une grande victoire chez les Palestiniens et dans tous les pays, nombreux, qui les soutiennent. Comme prévu, les juges n’ont pas dit s’il y avait ou non génocide dans la bande de Gaza – cela peut prendre des années-, mais ils ont laissé entendre que cela n’était pas exclu en demandant à Israël faire tout son possible pour empêcher tout « acte de génocide » de « tout faire » pour «empêcher la commission de tous actes entrant dans le champ d’application» de la Convention sur le génocide et en lui ordonnant de prendre «toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide». Ordre est également donné de fournir toute l’aide humanitaire dont les Gazaouis ont besoin.
En clair, Israël qui plaidait que le seul génocidaire était le Hamas, a perdu. Mais quels effets auront ces injonctions de la Cour sur le terrain ? Elles sont exécutoires, mais les juges ne disposent d’aucun moyen contrainte. Ils avaient déjà ordonné à la Russie de cesser son agression en Ukraine…
Benjamin Netanyahou a vite répondu à la CIJ et à ses « accusations scandaleuses » : « Israël mène une guerre juste contre le Hamas et se battra jusqu’à la victoire finale ». Le Premier ministre de l’Etat hébreu réaffirme même sans vergogne que « son engagement envers le droit international est inébranlable ». Israël annonce même avoir déclassifié des documents qui prouvent, dit-il, qu’il cherche à limiter le nombre de morts civils.
Si Tsahal va poursuivre son offensive, son « nettoyage » meurtrier, les décisions de la CIJ pourraient modifier l’attitude de pays « protecteurs » d’Israël. Car les décisions annoncées à La Haye signifient une défaite de l’Occident accusé d’être trop accommodant face à ce que l’on appelle le sud global. Traduisent un changement de l’équilibre mondial. Les pressions, notamment américaines sur Tel Aviv pourraient s’accroître. Lors de son appel de vendredi dernier, Joe Biden a averti « Bibi » qu’il ne soutiendrait pas une guerre d’un an et qu’il doit réduire les dommages causés aux civils.
Aujourd’hui, les Palestiniens ont marqué un point et Israël est davantage isolé. Reste donc à attendre et voir une traduction dans les faits.