Voir l’Europe déverser ses polluantes frites surgelées sur son marché gave Bogota, qui en appelle à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Cela sent le roussi pour les pommes de terre européennes. Depuis la signature d’un accord commercial entre l’UE, la Colombie et ses voisins (Pérou et Équateur) en 2013, les frites surgelées bon marché belges, néerlandaises et allemandes ont pris d’assaut les étals sud-américains.
Une aberration écologique, quand on pense aux gaz à effet de serre émis par ces patates vouées à parcourir près de 9 000 km dans des conteneurs réfrigérés. Une concurrence déloyale, dénonce surtout Bogota, qui tente depuis 2018 de leur barrer la route à coups de dodues taxes douanières (8 %).
La Colombie n’entend pas se laisser manger la frite sur le dos par des Européens qui n’ont découvert la pomme de terre qu’au XVIe siècle, quand la région andine, considérée comme son berceau, s’en délecte depuis 8 000 ans ! Aujourd’hui encore, un Colombien engloutit en moyenne 62 kg de patate par an (50 kg pour un Français). Et les trois millions de tonnes de tubercules qui poussent dans ses champs font vivre 400 000 familles
Pas de quoi émouvoir la Belgique. Le leader mondial de la frite peut compter sur le soutien de l’UE : Utilisons tous les moyens à notre disposition pour supprimer les restrictions commerciales qui affectent nos entreprises , martelait Phil Hogan, le commissaire européen au Commerce, en 2020.
Lundi 10 octobre, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a donné raison à l’UE, jugeant infondée cette barrière douanière. Bogota fera appel. Mais déjà sur Twitter, la Commission européenne jubile : Le commerce des frites va être beaucoup plus facile. Au diable donc, les bonnes résolutions du Pacte vert pour lutter contre le réchauffement climatique ? L’UE n’est visiblement pas prête à se priver de son polluant commerce de frites.