La Banque mondiale a publié, aujourd’hui 22 décembre 202, son rapport annuel de suivi de la situation économique de la Tunisie. Ce document fournit des évaluations complètes des tendances économiques actuelles en Tunisie ainsi qu’une analyse des défis de développement plus larges du pays.
La Tunisie s’attend à une baisse de croissance plus marquée que la plupart de ses voisins dans la région, étant entrée dans la crise de la COVID-19 pendant une période de croissance lente et d’augmentation des niveaux de la dette. Après une contraction prévue de 9,2% en 2020, la croissance devrait s’accélérer temporairement pour atteindre 5,8% en 2021, lorsque les effets de la pandémie commenceront à s’atténuer. Toutefois, les faiblesses structurelles préexistantes devraient entraîner l’économie tunisienne dans une trajectoire de croissance plus modérée, d’environ 2% d’ici 2022. Le ralentissement de la croissance entraînera la perte de certains des progrès réalisés dans le passé en matière de création d’emplois et de réduction de la pauvreté : le chômage devrait augmenter et la part de la population susceptible de tomber dans la pauvreté devrait s’accroître.
Le rapport indique que les perspectives budgétaires laissent entrevoir un cadre budgétaire serré et une marge de manœuvre limitée pour les mesures de relance budgétaire, alors que l’impact de la pandémie se fera sentir jusqu’en 2021. L’institution de Bretton Woods relève que les risques budgétaires liés à une masse salariale toujours croissante, aux subventions, aux retraites et aux entreprises publiques peu performantes pourraient compromettre les efforts de relance s’ils ne sont pas gérés de manière proactive.
Le rapport recommande de restructurer les finances publiques en limitant la masse salariale, en déplaçant l’aide sociale des subventions vers des transferts plus ciblés et en s’attaquant aux risques fiscaux des entreprises publiques afin de libérer des ressources pour l’investissement public et la relance.
Le rapport énumère les mesures structurelles les plus urgentes nécessaires pour aider à remettre le secteur privé sur les rails. Il s’agit notamment d’accroître la capacité des nouvelles entreprises à entrer sur le marché et à offrir de nouveaux produits ou services, de s’attaquer aux goulots d’étranglement structurels qui compliquent l’accès des entreprises au financement, de faire face à la détérioration significative des performances douanières et d’élaborer une vision claire de la politique d’innovation afin de soutenir les secteurs dans lesquels l’innovation et l’avantage comparatif commencent à se manifester.
Pour Shireen Mahdi, économiste pays principale pour la Tunisie à la Banque mondiale, “dans ce contexte difficile, restaurer la crédibilité du cadre macroéconomique constitue une prochaine étape cruciale pour la Tunisie afin de traverser cette crise avec succès et jeter les bases d’une reprise plus durable de la croissance ». Il faut noter que la présente édition du Rapport de suivi de la situation économique de la Tunisie s’appuie sur l’enquête sur les entreprises récemment publiée pour la Tunisie afin d’examiner les dernières données sur les performances des entreprises et de présenter les priorités pour un secteur privé en croissance et plus productif.
N.O